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Echos du Palet : René Fasel, l'homme qui tient tête à la NHL
Publié le 16 septembre 2010 par GuillemetteChaque jeudi, Glacenews vous propose un nouveau rendez-vous : Echos du Palet. Où il sera question de hockey, bien sûr, abordé sous des angles variés, avec des problématiques sociales, économiques, psychologiques, sportives, etc.
Ces premiers Echos du Palet ont pour parrain René Fasel, président de l'IIHF, qui raconte à Glacenews son sommet de Toronto, 1re rencontre mondiale entre les acteurs du hockey sur glace, et qui fait le point sur ses différents mandats.
Guillemette Flamein : le sommet mondial sur le hockey sur glace s'est déroulé à Toronto du 23 au 26 août. C'est une première pour la discipline. Quel est l'intérêt d'un tel sommet pour l'IIHF ?
René Fasel : l'intérêt pour nous était de montrer à l'Amérique du Nord que nous existons. Exactement comme pour les J.O de Vancouver ! Ces Jeux ont eu une résonance exceptionnelle grâce à leur couverture médiatique. Nous ne les avons pas fait pour l'IIHF, mais pour la promotion du hockey, de notre sport ! Mais allez faire comprendre cela à la NHL qui ne parle que "business"... C'est très difficile. Les J. O de Vancouver ont démontré notre savoir-faire et que le hockey ne se résumait pas à la NHL !
A présent, il faut récolter tout ce qui a été dit lors du sommet de Toronto. Nous avons discuté des blessures, des Jeux olympiques, du développement du hockey. Il faudra bien évidemment établir des priorités. Le plus important est la communication, le dialogue que l'on doit établir, les points communs que l'on doit chercher entre la NHL, les fédérations américaine et canadienne et l'IIHF.
Mais c'est tellement difficile quand l'on a en face de soi des professionnels qui ne parlent que d'argent. C'est pour cette raison qu'il faut avoir une ligne de conduite très stricte par rapport à eux.
G. F. : vous avez déclaré fermement votre opposition à la présence de la NHL en Europe lors du sommet...
R. F. : en effet, la NHL a un oeil sur l'Europe, même si elle ne veut pas l'admettre publiquement. Mais jamais je ne la laisserai faire, ça jamais ! Si la NHL créait une ligue en Europe, nous n'aurions plus notre mot à dire au sujet des championnats du monde et des Jeux olympiques !
G. F. : quelle évolution attendre de la part des franchises de NHL pour laisser participer leurs joueurs à de tels événements ? Certains Russes tels Ovechkin, Malkin et d'autres, ont déjà annoncé leur participation à Sochi, en 2014...
R. F. : il faudra voir. Gary Bettman ne peut pas dire aujourd'hui que les joueurs de NHL seront à Sochi. Ovechkin, Malkin et d'autres voudront toujours venir défendre leurs couleurs. Certains ne viendront pas pour des raisons qu'on peut comprendre. Mais on continuera à se battre pour avoir les meilleurs.
G. F. : où en est le projet d'une Coupe du Monde ?
R. F. : il a été évoqué lors du sommet. Cela devient difficile du point de vue du temps pour l'organiser. En 2012, il y a les J.O de Londres. L'année prochaine pourrait être le seul moyen de l'organiser, peut-être à l'automne 2011...
G. F. : où en la Champion's league, d'abord freinée par la crise économique, puis par le blocage de certaines fédérations ?
R. F. : c'est encore une question d'argent. Les clubs ne voulaient pas venir car on ne payait pas assez. Aujourd'hui, il faut remettre l'église au milieu du village, remettre tout cela en ordre. La difficulté vient du fait qu'il n'y a plus de dialogue, de respect. Il n'y a que de la confrontation.
G. F. : quelles solutions pour rendre plus attractif le hockey européen et éviter la "fuite des cerveaux" en NHL ?
R. F. : il y a déjà la KHL et pourquoi pas la création d'une ligue permanente européenne pour conserver les meilleurs ? On essaie de trouver une solution, on y travaille.
G. F. : vous présidez l'IIHF depuis 1994 et venez d'être réélu en mai dernier. Quelles sont vos concrétisations phares de vos mandats successifs ?
R. F. : je dirais tout d'abord la participation des joueurs de NHL aux J.O de Nagano de 1998, puis la structuration des Mondiaux par groupe et par division.
G. F : je sais que vous vous êtes personnellement impliqué dans la création de la FFHG. pourquoi ?
R. F. : Grâce à Jean-François Lamour qui est un ami, on a réussi à séparer la FFHG de celle des sports de glace et à partir sur un bon pied. Luc (Tardif) travaille très bien et nous confions de plus en plus à la France d'événements internationaux.
Je vous rappelle que la France fut l'un des membres fondateurs de l'IIHF en 1908. Il est normal et de notre devoir de l'aider, de soutenir de telles structures fondées sur le travail des bénévoles dans le monde entier. Et la NHL viendrait en Europe casser tout ça ? Pas question !
G. F. : comment avez-vous évolué le hockey depuis 1994 ?
R. F. : cela a d'abord changé politiquement avec la chute de l'URSS en 1991, qui a entraîné une plus grande liberté de mouvement de la part des joueurs vers l'Amérique du Nord. Sportivement, le hockey est devenu plus rapide. les équipements ont changé, entraînant aussi plus de blessures, surtout au niveau des commotions cérébrales. Le niveau en Europe a également baissé du fait que beaucoup de joueurs tchèques, slovaques, russes sont partis en NHL.
G. F. : comme à Berne il y a deux ans, la France affronte la Suisse en ouverture des Mondiaux de Slovaquie. Un pronostic ?
R. F. : Vive la France ! Je suis un amoureux de la France ! J'aime beaucoup ce genre de matches qui mettent du sel et du poivre dans la soupe. Les Français ont toujours eu un gros coeur pour jouer contre nous. Il y a beaucoup d'amitié entre ces deux pays.
G. F. : après 16 ans de présidence, qu'est-ce qui vous motive chaque matin ?
R. F. : la passion ! Quand on aime, on lutte. Parfois, on ramasse des claques, mais c'est le jeu. On se relève et on se bat !
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