Mon premier souvenir d’un film de Bertrand Blier au cinéma, c’est Mon Homme. Je m’en souviens très bien, j’avais 14 ou 15 ans (après vérification de la date de sortie, j’avais 14 ans), le cinéma m’intéressait déjà énormément, mais ce n’était pas encore passionnel. Je ne lisais qu’occasionnellement la presse spécialisée, n’allais que trois ou quatre fois par moi au ciné (et essentiellement du film Hollywoodien), et en général quand ma mère me traînait au Ciné 104 de Pantin pour voir un film d’auteur français, c’était plus une corvée qu’autre chose.
Mon Homme faisait exactement partie de ces films dont je me serais bien passé à l’époque, mais après tout, 1h40 au ciné valait mieux que rester à la maison pour faire mes devoirs. Voilà comment je me suis laissé entraîner vers mon premier Bertrand Blier sur grand écran. A l’époque j’avais déjà dû voir La femme de mon pote, le film le plus mainstream de Blier, à la télé. Probablement. Mais Mon homme a inauguré ma relation cinématographique avec Blier. Ce fut une torture. 1h40 d’ennui et d’agacement pour l’adolescent que j’étais qui aurait préféré voir L’armée des douze singes de Terry Gilliam.
Mais que le moi de 1996 ait détesté Mon Homme n’est pas plus surprenant que cela. Ce qui m’étonne au contraire, c’est que depuis ce jour de 1996 (même en fouillant dans mes vieux tickets je ne retrouverais pas la date exacte, désolé, ces vieux tickets de salles art & essai étaient génériques, sans le titre du film et la date imprimés dessus, et puis ça aurait fait un peu trop geek non ?)… où en étais-je moi ? Oui, le plus étonnant, c’est que depuis Mon Homme, je n’ai pas raté un seul Blier au cinéma. Vous me direz que finalement, ça ne représente que quatre longs-métrages, mais tout de même. Parce que ce qui est ENCORE plus étonnant, c’est que j’ai détesté tous ces films. Ces quatre films. Sans exception.
Les dialogues sont si téléphonés, le personnage de Jean Dujardin si horripilant, le dénouement si décevant… la messe est vite sonnée. Le bruit des glaçons ressemble à une mauvaise pièce de théâtre filmée dans laquelle surnage Albert Dupontel en cancer squatteur. A la sortie (ô combien bienvenue !) de la salle, une pensée résolue m’a assailli : plus jamais je ne me laisserai piéger par Blier. Stop. Fini. C’était le dernier. Je ne m’installerai plus dans une salle de cinéma pour un film qu’il aura signé. Les valseuses et Tenue de soirée sont loin, si loin… Ne me demandez même pas ce que j’avais pensé de Trop belle pour toi (que j’espère ne jamais revoir). Alors voilà, Blier m’emmerde. Adieu Blier.