Pays ligure : le trophée d'Auguste

Vers 7-6 av. J.-C., le sénat et le peuple de Rome dédicaçaient à l'empereur Auguste un monument d'un type jusqu'à lors inconnu : un trophée maçonné, monumental, sur les hauteurs de La Turbie, en pays ligure. Dominant le sanctuaire d'Hercule Monoïkos (qui correspond à la Monaco actuelle), il conférait au premier empereur romain un statut presque divin. En effet, dans la tradition romaine, le trophée est une construction provisoire, édifiée dans les environs d'un champ de bataille et surmontée des dépouilles prises à l'ennemi vaincu ; elle est dédiée aux dieux qui ont bien voulu donner la victoire. Matérialisation définitive de la victoire permanente du prince, le trophée de la Turbie célébrait la soumission à Rome des quarante-cinq peuples des Alpes que les légions et leurs auxiliaires, souvent gaulois, avaient battu avec peine entre 25 et 14 av. J.-C. Une inscription mutilée, découverte sur place, conserve quelques uns de ces noms, que l'écrivain romain Pline l'Ancien nous a heureusement transmis dans son Histoire naturelle.Aujourd'hui encore, les vestiges restaurés de ce monument fondateur de l'histoire de l'Europe témoignent de l'importance que revêtait le contrôle de la Gaule méridionale, voie de passage terrestre obligée entre l'Italie et la péninsule Ibérique. Situé sur la voie Julia, le trophée rappelait à tous les voyageurs, marchands, soldats, fonctionnaires, aristocrates gaulois en route pour Rome, à qui ils devaient leur prospérité. Relief figurant des Gaulois vaincus et enchainés au pied d'un trophée, sur la base du monument de la Turbie.
A. P.