LES PHOTOPHORES
Je déambule triste dans la rue
Déjà la nuit à jeté sa parure
Allumant des lumières obscures
Des cerbères décelant l'intrus
Aboient à l'approche du malotru
Qui se traîne comme un détenu
Je hais ces chiens hurleurs
Perçant la nuit avec aigreur
Dont l'approche me fait peur
Je resserre mon vieux pardessus
Maintenant le crachin tombe dru
Et se mire sur les pavés ventrus
J'enfonce ma minable casquette
Qui éponge l'eau comme carpette
J'arrive devant chez ma drôlette
Elle m'a quitté pour un cabotin
S'enflammant comme un fagotin
Amusée par d'ignobles baratins
Plaquant nos enfants à leur sort
Front à la télévision luminophore
Je vois ma reine et son consort
Sachant que j'étais dans le décor
Le cador la bascule puis l'honore
Leur étreinte me donne haut le corps
J'étais autrefois son cher milord
Que valez-vous promesses et accords ?
Ces trahisons me glacent le corps
Les photophores de ma vie se sont éteints
Leurs flammes n'ont pu tenir le vent d'airain
Qui tempête et parfois nous fait orphelin
« J'étais autrefois son cher milord
Adieu mes beaux photophores »
Gramophone 17 septembre 2010