Apologie de la Déraison (12)

Publié le 16 septembre 2010 par Zegatt

– Milton avait compris la Bible. Le seul Satan est l’ennemi intérieur : il est Dieu. « Dieu créait les ciels et la terre » (Gn. 1, 1), il créait le tout. Au commencement était le verbe, et ce verbe ne saurait prétendre dire le bien s’il ne dit pas aussi le mal.
Il n’y a pas Satan, et Dieu. Il y a Satan et Dieu, Satan en Dieu. La vérité, c’est que le mal est le prix du bien. La vérité, c’est qu’avant d’être un quelconque dieu, le mal et le bien sont l’homme.
Blake l’avait compris : Milton était du parti du diable car il l’avait assimilé. Le cri de ralliement qu’il fait pousser à Satan, « Mieux vaut régner dans l’Enfer que servir dans le Ciel » est un mensonge, car l’Enfer fait partie du Ciel, et cela, ni le Satan de Milton ni celui de l’Eglise ne veulent ni l’admettre, ni surtout le comprendre. Le Satan de Milton est dupé ; le Satan de l’Eglise abuse ceux qui le croient.
« Apprends trop tard que quelques-uns peuvent savoir quand des milliers se trompent »… Ah ! sage Milton ! Mais notre paradis n’est pas perdu, il est à construire. Milton l’a chanté sans jamais le nommer : il s’appelle conscience.

– Il n’y a pas de rêve : il y a notre capacité à nous émerveiller, et notre volonté de nous dépasser. Le rêve, c’est lorsque nous devenons Lewis Carroll et que nous partons à la recherche d’Alice.

– Il y a une obsession du jour chez Nietzsche : ses œuvres sont l’histoire d’une nuit, la recherche d’un jour qui difficilement point à l’horizon après les ténèbres. L’Aurore qui doit suivre au Crépuscule des idoles ; le réveil de Zarathoustra.

– Le symbole n’a de raison d’être que tant qu’il demeure limité.
Dès l’instant où il prolifère, il perd sacralité et force. Son pouvoir de suggestion se trouve amoindri par la multiplication de ses représentations et il passe du statut d’objet fondamental à celui de répétition creuse.

– La différence majeure entre Alexandre Dumas et Victor Hugo, c’est que l’un était un grand auteur et l’autre un grand écrivain.