Il n’y à qu’à voir la pochette. Tous les téléphages auront reconnu Jorge Garcia de Lost donc, sur une photo dégueulasse à peine recadrée sur Paint. Et pourtant Ratitude avec son chien jeté en l’air faisait déjà très fort dans le n’importe-quoi. Et puis quitte à pousser Mamie dans les orties, autant la bousculer carrément et appeler son album Hurley aussi. Même sur son nouveau label indépendant Epitaph Rivers Cuomo fait ce qu’il veut. Un peu comme notre trublion à nous Philippe Katerine sur son dernier album. La question se pose : escroquerie médiocre ou autodérision poussée à son maximum ? Personnellement je choisis la deuxième option parce que c’est celle qui me fait me marrer et prendre du plaisir à l’écoute de morceaux dits "funs" auxquels nous a habitué Weezer. Parce que ce n’est pas nouveau non plus. A l’époque on pouvait déjà écouter des titres comme "Hash pipe", "Keep fishin’" ou "We are all on drugs". Et si Rivers Cuomo avait simplement de l’humour ?
Alors pour ceux qui recherchent encore et encore le Weezer qui n’existe pas, celui qui livrerait de la power pop bien écrite et efficace, sur ce Hurley ils pourront se rassasier avec "Memories" et "Rulling me" qui se rapprochent d’assez près du Blue Album. Pour ceux qui apprécient les "ballades" FM esprit campus il y a "Unspoken" ou "Run away" (qui commence d’ailleurs comme du Pavement). Après humour ou pas humour il y a quand même des morceaux pas très passionnants. "Hang on", "Smart girls" ou "Time flies" (étonnamment lo-fi) en font partie. Jusque-là on peut se dire que ce nouvel album n’apporte donc pas grand-chose à l’édifice, mais deux petits sommets de n’importe-quoi vont montrer le bout de leur nez, sur de magnifiques structures à tiroir à la manière de "The greatest man that ever lived" issu du rouge.
Le meilleur : "Where’s my sex ?". Jouant habilement (sic) sur la ressemblance entre "sex" et "socks", Weezer déroule un morceau caricatural totalement pliant. "Where’s my sex? / I thought it was here / I’ve got no idea where it disappeared to / I can’t go out without my sex". C’est complètement débile, comme chez Katerine ou chez Ween, mais si on se laisse aller c’est assez jouissif. Dans le même genre il y a "Brave new world" qui commence plutôt classiquement mais qui à 2’17" part sur d’improbables ponts mélodiques et chœurs vaillants. C’est le Weezer que j’aime, sans limites et qui s’en branle, aussi bien capable de nous donner du miel que du vinaigre. A chacun de prendre ce qu’il veut, ou de passer son chemin.
Pour info : l’édition deluxe comporte quatre titres supplémentaires pas franchement indispensables : un court morceau au piano, une reprise de "Viva la vida", une déclaration de foi de Rivers Cuomo ("I want to be something before I die") et un immonde morceau de stade, hymne officiel de l’équipe de foot US pendant la dernière coupe du monde.
En bref : Weezer dévoile enfin sa grande supercherie. Il ne faut plus attendre d’eux du rock indé de qualité mais d’hilarantes boutades musicales à base de grosses guitares, de ponts mélodiques et de chœurs enflammés. Au moins comme ça, ça a le mérite d’être clair.
Le site officiel et le Myspace
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"Where’s my sex ?" et "Brave new world" :