Le secrétaire d’Etat américain au Trésor, Timothy Geithner, a durci le ton à l’encontre de la politique de changes de la Chine, en jugeant trop lente l’appréciation du yuan, et a dit qu’il allait étudier de nouveaux moyens permettant d’inciter Pékin à agir plus rapidement.
« Nous sommes préoccupés, comme de nombreux partenaires commerciaux de la Chine, par le fait que le rythme d’appréciation (du yuan) est trop lent et son ampleur trop limitée », écrit-il dans ce texte qui sera remis ce jeudi à la Commission bancaire du Sénat américain.
« Nous allons prendre en compte les décisions de la Chine dans l’élaboration du prochain Rapport sur les changes et nous étudions la question importante de l’ensemble des outils – ceux dont disposent les Etats-Unis et les approches multilatérales – qui pourraient contribuer à encourager les autorités chinoises à agir plus rapidement. »
Ces propos de l’ancien président de la Fed de New York surviennent au moment où de plus en plus d’élus américains et de groupes industriels se disent favorables à des mesures de rétorsions contre la Chine, parmi lesquelles pourrait figurer une taxation accrue des produits chinois, pour forcer Pékin à laisser sa devise s’apprécier.
INTERVENTIONNISME CHINOIS
Sans préciser la nature des mesures envisagées, Timothy Geithner a promis de travailler avec le Congrès à « trouver les moyens de mieux promouvoir et de mieux protéger nos intérêts économiques dans cette importante relation stratégique ».
Selon lui, la sous-valorisation du yuan a stimulé les exportations chinoises et a encouragé les délocalisations de production et d’emplois en dehors des Etats-Unis.
L’évaluation des progrès de la Chine doit se faire en fonction du rythme et de l’ampleur de l’appréciation du yuan, ainsi que du degré d’intervention des autorités chinoises pour ralentir cette hausse, a-t-il dit.
L’interventionnisme chinois devrait s’atténuer à mesure que le yuan s’approchera de sa valeur fondamentale de marché, a-t-il estimé.
« Le maintien d’un interventionnisme élevé suggérerait au contraire que la devise reste sous-évaluée », a-t-il dit.
Depuis l’annonce par Pékin en juin de la fin du rattachement de sa devise au dollar, le yuan s’est apprécié de 1,25% seulement contre le billet vert.
Depuis quelques jours, l’appréciation s’est néanmoins accélérée, atteignant son rythme le plus élevé depuis février 2008, une évolution considérée par les analystes comme une réaction aux velléités américaines.
Le prochain Rapport sur les changes du Trésor américain doit être publié le 15 octobre, et une déclaration selon laquelle la Chine manipule sa monnaie pourrait éventuellement conduire à l’introduction de droits compensateurs sur les produits chinois.