Allez, je l’invente. En entrée, un bac à farine. Un bac à beurre, réfrigéré. Idem pour les œufs, avec un système pour les casser sans dommage, une sorte de robot avec deux mains mécaniques recouvertes de gants à la Mickey. Un bac à sucre. Un réservoir à fruits confits, une forme beurrée pour le gâteau. Un four avec un petit tapis roulant, terminé. Le cake sort doucement tout cuite au bout, tic tic tic... Une sorte de fil à couper le beurre descend et trancher un morceau bien droit.. Et juste après, le cakomètre se recale avec un bruit d’horlogerie pour vous présenter la prochaine tranche.
Vous vous pâmez devant un diabolo menthe ou le champagne Grand siècle ? Va pour la piscine verte et à bulles, à boire sans paille, en brasse coulée ou en papillon. Ou pour la baignoire avec robinet et douchette Grohe débitant au cube la Veuve Cliquot millésimé, où on s’immerge la tête pour se rincer la luette au lieu de se rincer les cheveux. C’est vrai, au début, elle doit être froide, mais après, c’est trop bon, on peut se faire une douce violence et rentrer progressivement. Oui, je sais, ce n’est pas écologique ni développement durable, tout ça. Mais parmi toutes les machines à gaspiller ou à polluer qui existent, si j’en avais une seule pour mon plaisir à satiété, ça ne serait pas non plus un drame pour les ours blancs. Ils ne seraient pas les derniers à faire trempette dans le liquide rafraîchissant, d’ailleurs.
Un peu comme un pot de Häagen-Dazs caramel-noix de pécan qui serait à double fond, vous imaginez ? Ou des tablettes de chocolat au mètre pour les soirs de gros vague à l’âme. Mieux que le cake aux fruits, le cake «La durée», toujours prêt quand on veut s’en payer une bonne tranche. Mieux que la tireuse à bière, le tireur d’élite. Et sans film plastique, s’il vous plait ! Et avec une coupe (de cheveux) toujours fraiche. Oui, tout ça, et pas un truc qui se fatigue, qui veut se reposer, qui doit recharger ses batteries, se détendre, lire, discuter, sortir le chien, aller sur Facebook, ranger ses fringues, checker ses mails, appeler sa mère, finir de regarder Arsenal-Chelsea(«Ah mais c'est un match important!»), ou Desperate Housewives («Ah mais c'est un épisode à ne pas rater!»)... Non, même pas un zozo qui veut poster des notes sur son blog avant de consentir à penser à quelque chose qui ressemble vaguement à la bagatelle.