Le difficile pari de Joseph Kabila

Publié le 16 septembre 2010 par Africahit

En effet, il a décidé de la suspension de toute exploitation minière dans le Nord et Sud-Kivu au sous-sol incommensurablement riche en minerais, mais dont les populations subissent des violences atroces d'autres époques, perpétrées par des groupes armés. La RDC va-t-elle maintenant vers son autonomie minière ?

En tout cas, Kabila reste ferme dans son engagement. Dans quelques jours seulement, foi de son ministre des mines, l'armée congolaise se déploiera dans la zone pour traquer les rebelles. Mais l'empressement du président de la RDC suscite tout de même des interrogations. Pourquoi est-ce seulement maintenant qu'il se dit prêt à assainir l'exploitation des mines dans cette zone, considérée comme la "terre promise" pour ces hommes sans foi ni loi ? Sans doute son rapprochement avec le président rwandais, Paul Kagamé, y est-il pour quelque chose. En effet, les relations entre Kinshasa et Kigali se portent de plus en plus mieux.

Laurent Nkunda qui écumait la RDC et menaçait de prendre possession de Kinshasa, a été arrêté par le Rwanda. Sa rébellion a disparu comme par enchantement. Ce qui n'est pas pour déplaire à Kabila. D'autre part, les rebelles qui attaquent les populations et pillent les minerais de cette partie de la RDC étant principalement des Hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), l'apport de Kagamé est inestimable pour Kabila. Mais ce soutien à lui seul garantit-il une victoire totale du président congolais dans son combat contre les rebelles ? Rien n'est moins sûr, le problème du Nord et Sud-Kivu étant complexe.

De fait, il n'est plus à démontrer que les pays limitrophes comme le Burundi, l'Ouganda et, ironie du sort, le Rwanda ont toujours fait main basse sur les richesses de cette zone. L'on se souvient encore de ce rapport publié en novembre 2009 par des experts mandatés par l'ONU, qui estimait en millions de dollars les revenus de l'exploitation des minerais de cette autre moitié de la RDC par les FDLR. Dans de telles situations, l'on voit mal comment les forces armées nationales du Congo viendraient facilement à bout de ces envahisseurs vivant de la prédation des ressources minières congolaises. Il y a également certains pays occidentaux, ces pêcheurs en eau trouble qui fournissent des armes aux rebelles en échange des minerais et qui n'ont aucun intérêt à ce que la zone soit pacifiée.


Une grande quantité du coltan utilisé dans la fabrication des téléphones et ordinateurs portables, qui fait partie des instruments les plus utilisés au monde, est extraite et exportée frauduleusement de cette région. Au total, tout laisse croire que le pari de Kabila est des plus difficiles qui soient. S'il le gagnait, ce serait tant mieux pour ce pays qui, comme tant d'autres pays africains, ont du mal à gérer les immenses richesses de leur sous-sol qui s'apparentent à une malédiction.