Nous discutions l’autre jour à la maison avec un ami, que les familiers reconnaîtront sans peine, qui m’expliquait que, finalement, il ne savait plus s’il voterait à gauche aux prochaines présidentielles car la retraite des fonctionnaires était calculée sur la base des derniers mois de travail alors que celle des gens du privé l’était sur la moyenne des 25 dernières années travaillées, injustice selon lui insupportable du fait du corporatisme des fonctionnaires.
Je lui répondis que si lors des mobilisations contre les réformes Balladur, Juppé, Fillon et Sarkozy, public et privé s’étaient massivement retrouvés dans la rue, peut-être que les choses n’en seraient pas à ce stade…
Il me rétorqua que, dans le privé, les gens étaient peu syndiqués et donc peu enclins à se mobiliser pour des actions collectives. A quoi je répondis, passablement agacé (et donc extrêmement sommaire dans mon argumentation, voire à la limite de la mauvaise foi) que personne ne pouvait se battre à leur place et que, peut-être, ils n’avaient alors que ce qu’ils méritaient…
La discussion a alors glissé sur les déficits des caisses de retraites et de la Sécu, lui mettant en cause, indigné, deux amis communs qui ne déclaraient pas (à sa demande) la femme de ménage qu’ils utilisaient 3 heures par semaine. J’opposais qu’il y avait là certes une perte considérable pour lesdites caisses, mais que c’était peu de choses à côté du travail au noir dans la restauration ou le BTP, sans parler des fraudes fiscales des Wildenstein ou Bettencourt et des exonérations dont bénéficiaient les grands groupes du Cac 40.
Je rajoutais que si, au lieu de rémunérer leurs salariés avec toujours plus de primes, intéressement et stock-options exonérés de charges, les entreprises augmentaient tout simplement les salaires, les déficits seraient moins élevés. Je proposais donc de “charger” automatiquement toutes ces astuces comptables. Ce qui provoqua chez lui une vive indignation, m’accusant, hors tout corporatisme, de vouloir rogner les maigres avantages dont bénéficiaient les gens du privé.
Finalement, comme d’habitude, nous nous sommes quitté bons amis, mais cela m’a fait comprendre que la stratégie, depuis sa campagne de 2007, de N. Sarkozy, de monter les catégories de français les uns contre les autres produisait ses effets nauséabonds, menant à regarder la paille dans l’oeil du voisin plutôt que voir la poutre dans celui de ceux qui profitent et se gavent.
J’en ai conclu que la campagne sarkozienne de 2012, outre un langage martial sur la sécurité pour masquer des résultats calamiteux dans ce domaine, se fera contre les chômeurs-profiteurs, les jeunes-voyous, les étrangers-délinquants et les fonctionnaires-privilégiés… Les veaux vont encore marcher dans la combine…
Et, en apprenant la fausse-alerte à la bombe d’avant-hier à la tour Eiffel, abondamment médiatisée, je me dis que plus nous approcherons de 2012, et plus ce genre de conneries risque de se reproduire. Le pouvoir se conserve par la peur, en jouant avec, en la suscitant.
- “L’Assemblée adopte la réforme des retraites”. Le Monde. Et nous, on manifestera la semaine prochaine… Pourquoi faire ?
- “Menacée d’expulsion, une Niçoise de 80 ans fait un malaise fatal”. Nice-Matin. Et elle était à jour de son loyer…
- “L’argent du contribuable a profité aux banques, pas à l’économie”. Le Monde.
- “Nice: une statue pour de Gaulle, un buste pour Jean-Paul II”. Nice-Matin. C. Estrosi veut imiter G. Frêche, et tant pis pour la laïcité.
- Non, la France n’est pas isolée internationalement dans l’affaire des expulsions ethniques. Elle a reçu le soutien de S. Berlusconi et de la Ligue du Nord Italienne… MediaPart. Ouf… On se sent soulagé…