@nloizillon
Cet hiver après une longue parenthèse les premiers avions venant de France devraient se poser à nouveau sur l’aéroport Mano Dayak d’Agadez.
Avant de partir souvent bien trop vite, dans le désert, cette ville très ancienne mérite bien un séjour de quelques jours pour en apprécier toute sa spécificité.
Agadez est une ville très ancienne. Elle aurait été fondée vers le XIème siècle par des tribus Touareg qui auraient décidé de se sédentariser, au moins en partie et qui pour la gouverner auraient créée le sultanat de l’Air, avec un rôle de conciliateur pour toutes les tribus de la région. Agadez devient ainsi la capitale politique de l’Aïr mais aussi un centre économique important, favorisée par sa situation géographique privilégiée.
Agadez va de ce fait jouer un grand rôle dans le commerce transsaharien. Elle devient un vrai port du désert qui permit au sultanat de s’enrichir, de rayonner et de devenir très puissant. La ville va devenir aussi un grand centre artisanal pour le travail du cuir et des métaux, par la même occasion, un centre de production d’arme de poing.
Au XVème siècle, la ville avait été fortifiée et plusieurs nouveaux quartiers se sont s’ajoutés. C’est à cette époque que fut construit le minaret de la grande mosquée par Zakarya.A partir du XVIIème siècle des troubles internes éclatent entre tribus Touareg rivales, entrainant de grands mouvements de population vers le sud et la décadence de la ville à la fin du XIXème siècle.
Malgré ce déclin, Agadez a toujours gardé sa structure particulièrement originale, fondée autour de campements qui, progressivement construits en terre s’est transformée en îlots. Beaucoup de bâtiments anciens sont encore présents et correspondent toujours aux activités sociales particulières d’Agadez : palais du sultan, mosquée du vendredi, maison du cadi, palais de l’Anastafidet palais du sultan Almoumoune…Et même si plusieurs styles de périodes différentes se superposent, Agadez présente toujours une belle unité et une architecture traditionnelle élaborée qui témoignent sa structure sociale et culturelle.
La Liste du patrimoine mondial comporte 911 biens constituant le patrimoine culturel et naturel que le Comité du patrimoine mondial considère comme ayant une valeur universelle exceptionnelle.Cette Liste comprend 704 biens culturels, 180 naturels et 27 mixtes répartis dans 151 Etats parties. Depuis juin 2010, 187 Etats parties dont le Niger ont ratifié la Convention du patrimoine mondial
Les villes historiques de Mauritanie ont été classées en rapport avec leur rôle de centres commerciaux et de diffusion de l’islam en Afrique noire. Tombouctou a plutôt mis en valeur le rôle très important qu’a joué son université pour la diffusion de l’islam en Afrique de l’Ouest.
Gao a classé le tombeau des Askia autour du rôle historique de l’Askia Mohamed dans la région et comme symbole de la puissance et du rayonnement de l’empire Songhay au XVème siècle.
Agadez n’a pas encore été classée dans la liste du patrimoine mondial, alors que cette ville, par sa situation ses monuments anciens et sa vieille ville doit y être intégrée rapidement.Une des spécificités d’Agadez, par rapport à ces autres villes historiques situées juste au dessous du Sahara réside dans son développement et son organisation autour du rôle régional spécifique du sultanat de l’Aïr.Si son architecture se rapproche de celle de Tombouctou, elle a cependant des éléments spécifiques avec la forme du minaret de la Grande Mosquée, les motifs décoratifs, l’utilisation des voûtes nervurées, ainsi qu’un tissu urbain avec des rues plus larges et de nombreuses placettes
L’étude de la ville tend d’ailleurs à démontrer que les îlots actuels ont été définis par la construction successive de bâtiments en remplacement des tentes sur des lieux de campement familiaux, ce qui explique la présence de ces rues très irrégulières et de ces nombreuses places et placettes. C’est une véritable spécificité urbaine d’Agadez
Un livre passionnant: Touaregs du Niger, le regard d’Edmond Bernus » Aux éditions Grandvaux et IRD Editions
Réalisé par Bernard et Catherine Desjeux, des éditions Grandvaux, sur la base d’un fonds documentaire de 6 000 photographies d’Edmond Bernus, le livre présente plus de 60 photographies ainsi que des récits et extraits choisis retraçant la vie du géographe en compagnie des Touaregs.
Quand la photographie devient complicité, elle touche à l’essentiel. Ce livre est un témoignage exceptionnel sur les Touaregs du Niger, à un moment crucial de leur histoire.