Peur en Allotement

Il y a quelque chose de terrifiant dans toutes ces maisons alignées, dans tous leurs jardins bien dressés, dans toutes ces voitures bien garées.
Il y a quelque chose d'absolument étrange dans ces gens qui se promènent le dimanche, avec leurs enfants ou leurs chiens, ou les deux, et qui vous sourient au croisement.

Pas étonnant que tant de romans policiers trouvent dans le lotissement, dans son bon voisinage, silencieux, respectueux, souriant, le lieu d'épanouissement de crimes et de trahisons repoussants, joliment camouflés entre deux bégonias.

Dans ces allées où toutes les maisons semblent les mêmes, où tous les visages semblent se ressembler, on n'a qu'une seule envie en effet : que ce soit faux, une façade, que quelque chose de violent, de tragique, de cruel, se cache en dessous de toute cette symétrie, de cet aplanissement de la vie.
Parce que cela voudrait dire que c'est encore vivant, qu'il y a encore quelque chose d'agité comme un cœur battant en dessous de tout ce bien-cadré-bien-gardé... Quelque chose d'humain : on cherche la ré-assurance d'une pulsion de vie, à travers l'effroyable de la pulsion de mort.

Les quartiers résidentiels me terrifient de leur silence et de leurs évidences.
L'évidence est la violence : la possibilité que les lotissements ne soient que ce qu'on en voit : des maisons et des vies alignées, bien rangées, bien dressées, bien-cadrées-bien-gardées.

J'essaie de comprendre la possibilité de ce choix, j'essaie.
Mais la panique est réelle à l'intérieur de moi.