Par ailleurs je tiens à signaler que je suis solidaire des membres du Jury de Lettres classiques démissionnaires dont la lettre de protestation contre la suppression aberrante des épreuves de grec et latin au capes lettres classiques est à lire sur mediapart, et commentée notamment par Pierre Assouline.
L'étude du latin, et du grec en moindre partie, est ce qui m'a rendue libre.
Dans ma pensée, dans ma situation sociale, dans ma vie.
J'y ai consacré 10h par semaines pendant 3 années, mais avant et après cela j'aurai étudié la langue latine pendant près de 12ans en tout, sans jamais une hésitation, sans jamais un regret, pas toujours avec le sourire car il y eut des moments atroces, mais comme pour toutes les langues, une fois que l'on a ingéré et que l'on peut lire, lire ! Et soudainement voir s'ouvrir à soi les fondements et les sources de tout ce qui est la société actuelle, dans son histoire, sa politique, sa justice, son éducation... Non seulement de la France mais de l'Europe, du bassin méditerranéen, du Moyen-Orient... Les langues anciennes sont le biais le plus sûr pour comprendre ce qui lie et relie notre continent à son environnement, c'est à un point que c'en est effrayant. Organiser leur éviction de l'éducation, c'est encourager l'oubli, pour mieux rendre les gens malléables, c'est s'assurer la possibilité d'une désinformation, d'une ré-explication, c'est séparer toujours un peu plus les gens de l'appréhension des sources directes, pour pouvoir tranquillement refaire les histoires...
Bien sûr que le latin et le grec ne sont pas nécessaires à la vie, qu'objectivement ça ne sert à rien, mais j'en suis sûre : ça rend libre, ça donne le sentiment que l'on peut tout faire après, en allumant comme des petites lampes de signalisation un peu partout, on est rarement perdu par la suite au fond, on peut toujours un peu se raccrocher à ces branches là pour avancer, progresser.
Je deviens lyrique, je ferais mieux d'arrêter mais franchement : les langues anciennes, la culture antique, c'est ce qui rend vraiment libre de penser comme on veut.
En sachant d'où viennent les caresses comme les coups, on peut décider librement de s'y soumettre ou de les refuser.