Revenu au point de départ. Les bancs de l’amphi, écouter ce prof, reprendre des notes. Redevenir étudiant, après avoir travaillé. On pense tous à la régression. Le fait d’être revenu dans ces murs qui n’ont vus éclore, de voir que les choses n’ont pas vraiment changées et que c’est toujours autant le bordel. Les profs sont toujours là, ils ont vu défiler des dizaines de « nous », alors un de plus ou un de moins, ça doit pas faire grand chose – et ça doit même être compliqué de retrouver la motiv’ de recommencer à chaque rentrée. Mais bon, revenu quand même, avec un stock de résolutions aussi nombreuses que débiles que l’on se convainc de prendre à la rentrée parce-que-tu-comprends-c’est-maintenant-ou-jamais.
« Non, je laisserai pas mes cours s’égarer au gré du vent au quatre coins de l’appart’. »
« J’irai en cours tout le temps, même en ayant dormi 3 heures à 12 grammes. »
« Je trouverai un sujet de mémoire avant décembre, parce que ce serait pas trop con, comme idée. »
« Je reprendrai mon boulot parce-que-de-toute-façon-j’ai-pas-le-choix-mais-j’ai-un-peu-la-flemme. »
« Je replierai mon clic-clac tous les matins, tout en passant l’aspirateur une fois par semaine. »
Ad libitum.
Et revenir quand même, pour mettre les pieds dans une nouvelle vie, pour apprendre un métier, pour apprendre à rentrer dans la vraie vie des vrais gens qui paient des tiers provisionnels. Revenir pour faire le grand saut, sans revenir en arrière. C’est flippant, mais en même temps, on n’y est pas encore.
Ça fait longtemps que j’avais pas ressenti cette forme de confort. Le fait d’avoir le temps, mais pas trop, d’avoir une forme de stabilité, un appartement que je ne vais pas être obligé de quitter dans quatre mois pour partir à l’autre bout du monde, et l’immense joie de faire enfin ce que j’ai toujours rêvé de faire. En fait, je flippe. Mais c’est comme le trac, c’est là pour quelque chose. Parce que maintenant, pour regarder l’épisode suivant, il faut que je le tourne.
Il y aura toujours des passages à vide, des what the fuck, de pauvres cons. Mais il y aura du plaisir, de l’épanouissement et des rencontres. Et vaudrait mieux, parce que tel que c’est parti, y’en a au moins pour quarante ans.
Deux secondes, je reprends mes repères, et on est parti.
Il reste encore de la route.