Hier je parlais de la dichotomie de la personnalité, aujourd’hui je découvre les « bébés reborn », quel étrange nom, des bébés qui reviennent à la vie alors qu’il ne l’ont jamais eu.
Ils sont là, parmi nous, singeant l’humain, ses attitudes, ses mimiques, ses traits tirés, fripés, ils ne leur manquent que l’incarnation en dépit de la coloration de l’épiderme, soignés et réalisés avec le plus grand soin par des spécialistes du maquillage.
Il faut à un « bébé reborn » près de 6 mois pour être réalisé à la main selon l’artiste, et son objectif est de créer la créature parfaite, celle qui fera illusion, mais comme chacun sait, une gestation de 9 mois est nécessaire pour un vrai, alors pourquoi en faire un faux ?
Il existe aujourd’hui des collectionneurs, enfin, des collectionneuses de plus en plus nombreuses de ces bébés synthétiques qui prêtent à confusion.
Pourtant, il ne s’agit ni d’une farce, ni d’un goût du macabre, quoique ?
Il faudrait tout de même tenter de comprendre, qu’est-ce qui, à part la curiosité, qu’est-ce qui motive les collectionneurs à s’attacher à une collection aussi étrange. Collectionner des copies de bébés, les mettre en situation, les vêtir comme de vrais enfants, ils ont la même taille, le même poids, rien ne les différencient d’un bébé vivant, si ce n’est qu’ils s’en inspirent, et qu’ils en sont le reflet… sans vie.
À quoi bon vivre avec l’inanimé lorsque le vivant grandit lentement dans le jardin secret d’un corps dont le cœur bat la cadence ?
Je ne comprends personnellement rien à ce type de collection, le roi Pygmalion a pleuré jours et nuits pour que les dieux insufflent la vie à sa belle création, à sa Galathée, et ce mythe qui ne quitte pas la mémoire des hommes semble reprendre vie avec ces collectionneurs qui, secrètement, doivent bien rêver à un moment ou à un autre qu’un miracle vienne frapper leur petit Pinocchio.
Au Japon, le manque cruel de naissances pousse les scientifiques et roboticiens à fabriquer des robots, en Occident, le désespoir de certains est si grand qu’ils rêvent de donner vie à des enfants, des nouveaux nés, sans même avoir à leur donner naissance, car ce développement montre un véritable problème, une souffrance intérieure et profonde. Nous y sommes presque dans le « Meilleur des Mondes » (1931)
- Je souhaiterais commander un bébé.
- Il vous le faut pour quand ? Nous avons une série qui sort demain.
- Comment sont-ils ?
- Blancs et beaux, toujours beaux.
- Blancs ?
- Garantie 100%.
- Il m’en faut un.
- Garçon ou fille ?
- Oh mais je veux un garçon bien sûr, il sera toute la fierté de sa mère.
- Nous n’en doutons pas chez Mondia Robotic nous ne faisons que le meilleur, glissez votre carte dans la fente. Demain, il sera livré chez vous entre midi et deux.
Voilà le monde moderne que nous nous préparons, des enfants meurent de faim et de maladie dans le monde entier et au lieu d’aider son prochain, on fabrique des faux bébés, qui, pour l’instant, ont tout l’aspect du réel et qui demain seront animés par un cœur mécanique et une conscience robotique. Pas de couches à changer, de repas à préparer, de maladies infantiles à soigner, d’écoles à payer… Le bébé du futur, le bébé de la liberté et de l’indépendance, c’est le « bébé reborn. »
Nous vivons une époque formidable…