Comment j’adore les phrases outrageusement dithyrambiques comme ça. Mais pour le coup, et comme d’habitude sur ce site, bien entendu, cet album m’a vraiment fait plaisir. J’ai une petite dizaine d’albums déjà sortis dont j’ai envie de vous parler, mais quand j’ai mis la main sur celui-ci – sorti légalement chez Sub Pop – il s’est retrouvé très rapidement en haut de la pile. Une écoute suffit.
Je préfère Dan Boeckner à Spencer Krug. Je préfère sa voix, son look, et si Spencer était marié je préférerais la femme de Dan. C’est comme ça. Tout ça s’équilibre quand Krug écrit des morceaux comme “Cloud Shadow on the Mountain” et “What Did My Lover Say? (It Always Had to Go This Way)”, l’un ouvrant parfaitement l’album et l’autre étant déjà l’un de mes morceaux préférés de l’année. J’aime quand il réussit à créer des hymnes pareils, des morceaux qui vont faire suer des milliers de personnes lors des concerts du groupe, des envolées rock comme trop peu de groupes savent en faire (ils sont souvent canadiens d’ailleurs). Quand les beats dansants de Boeckner rencontrent les paroles étranges de Krug et son penchant pour un rock baroque, vous obtenez des classiques indie-rock. C’est aussi simple que cela.
Et ça paraît vraiment simple quand s’enchaînent l’un après l’autre des morceaux solides, variés dans leur structure, dans le chant, dans les thèmes des paroles. Les morceaux dépassent souvent les cinq minutes sans jamais, jamais de longueurs, une des critiques que je pouvais faire à At Mount Zoomer. Même si l’on peut facilement dire qui a écrit tel ou tel morceau, l’ensemble est parfaitement cohérent, oublié le côté disparate du précédent disque. Les sept premiers morceaux d’Expo 86 m’ont convaincue à la première écoute, et ils sont faits pour ça : anthémiques, avec des refrains à chanter en choeur, un travail fantastique de Krug aux pianos/synthés, particulièrement sur “In the Direction of the Moon”. La petite mélodie au synthé est propulsée par les guitares de Boeckner et DeCaro, et le tout prend progressivement une ampleur gigantesque.
Je le répète, cet album est le meilleur du groupe à ce jour. Jamais les personnalités musicales de Boeckner (le rockeur tatoué aux riffs implacables) et Krug (musicien à l’univers excentrique, aux mélodies complexes, avant-gardistes) ne se sont aussi bien combinées. “Pobody’s Nerfect” en est le parfait exemple : ça commence par une bonne gifle électrique, enchaîne avec la mélodie pianotée de Krug, et petit à petit la machine se met en route, passe la première, la seconde, et tout ça se termine dans un feu d’artifices, pour l’un des meilleurs morceaux du disque.
“Two Men in New Tuxedos” me plaît un peu moins, tout comme “Oh You, Old Thing” : la musique baisse en intensité, j’ai un peu plus de mal à accrocher aux mélodies… Comment dire ça clairement ? Ce sont des morceaux plus krugesques. Je sens que je vais me prendre quelques pierres dans la gueule. Que voulez-vous, je préférerai toujours les morceaux les plus intenses, les plus rock de Wolf Parade, c’est cette facette-ci du groupe qui me plaît le plus. Le dernier morceau écrit par Boeckner, et qui est pour le coup du 100% Boeckner, “Yulia”, fait directement penser à Bruce Springsteen, du rock musclé, émotionnel comme pas permis, des montées en puissance et un climax qui arrive en fin de morceau avec Boeckner hurlant “there’s nothing out there, there’s nothing out there”…
J’ai pas envie de ressortir une phrase ridiculement élogieuse en conclusion, mais j’ai vraiment du mal. Apologies to the Queen Mary pouvait sembler un peu brouillon parfois malgré un débordement d’énergie redoutable, At Mount Zoomer partait un peu dans tous les sens malgré une incontestable progression et des morceaux qui deviendront des classiques. Expo 86 possède les qualités de ses prédécesseurs et réussit à en gommer les défauts. Je dis bravo.
Sorti le 29 juin 2010 (Sub Pop) En écoute sur Grooveshark : http://listen.grooveshark.com/#/album/Expo+86/4380869