insi s'ouvre aujourd'hui une nouvelle "saison" de cette série à rebondissements. Contrairement aux apparences, cette éventuelle annulation est une aubaine pour Serge Dassault : le sénateur UMP et
ancien maire de la ville a déjà annoncé son intention de repartir à l'assaut de la mairie qu'il a dû quitter en 2008. Retour sur un feuilleton qui dure depuis plus de deux ans.
Saison 1. Maire de cet ancien bastion communiste depuis 1995, Serge Dassault pensait avoir remporté un nouveau mandat lors des élections municipales de mars 2008. Il est élu
d'une courte tête (170 voix) face à son adversaire communiste, Bruno Piriou. Mais ce dernier accuse M. Dassault d'avoir "acheté des voix", durant la campagne municipale.
Pour appuyer son accusation, il a fait filmer un dialogue avec le sénateur et maire. Bruno Piriou, qui a glissé un micro portatif sous sa veste, interroge Serge Dassault sur les dons qu'il aurait
faits à des citoyens de Corbeil-Essonnes. Son adversaire reconnaît qu'il "aide les gens", mais "sur le plan humain, pas pour avoir leurs voix". "Vous leur donnez de l'argent ?" demande M. Piriou.
"Très peu", répond M. Dassault.
La vidéo s'avère déterminante : le Conseil d'Etat a estimé, le 8 juin 2009, que ces éléments démontraient "l'existence de pratiques de dons en argent d'une ampleur significative à destination des
habitants de la commune", et a annulé le scrutin. Serge Dassault est déclaré inéligible pendant un an, tout comme Bruno Piriou, qui a omis de déclarer la location d'une salle dans ses comptes de
campagne.
Saison 2. Dans l'impossibilité de mener une nouvelle campagne en 2009, Serge Dassault choisit l'un de ses proches collaborateurs, Jean-Pierre Bechter. Malgré son inéligibilité,
l'avionneur mène campagne pour son bras droit face à une gauche en partie divisée au premier tour. Au second tour, Jean-Pierre Bechter l'emporte avec 27 voix d'avance.
"C'est la quatrième victoire de M. Dassault contre les communistes", déclare alors au Monde le nouvel élu. Qui tiendra les rênes de la mairie ? "M. Dassault, évidemment. Il fera tout et je ferai
le reste", assure Jean-Pierre Bechter. Cette ville a avant tout besoin de nombreuses subventions exceptionnelles, nous comptons sur lui." Pour le nouvel édile, le plus important reste que "cette
élection a permis de laver l'honneur de Serge Dassault, injustement bafoué par le Conseil d'Etat".
Parallèlement à cette nouvelle victoire du clan Dassault à Corbeil-Essonnes, l'opposition menée par Carlos Da Silva (PS) et Jacques Picard (Verts) saisit le tribunal administratif pour une
utilisation abusive du nom de Serge Dassault sur les documents électoraux.
Saison 3. Nouveau rebondissement en mars 2010. La procédure menée par l'opposition municipale porte ses fruits : Le tribunal administratif considère que l'inscription sur les
bulletins de vote d'une référence à Serge Dassault avait "constitué une manœuvre" contribuant "à altérer la sincérité du scrutin" compte tenu du faible écart de voix entre les deux listes. Les
magistrats estiment que la mention du nom de l'homme d'affaires était "de nature à entretenir une confusion dans l'esprit des électeurs". Ils soulignent que les tracts électoraux du successeur
indiquant "Voter Bechter, c'est voter Dassault" laissent entendre "qu'une cogestion de la commune serait assurée par M. Dassault". Ce que Jean-pierre Bechter n'a jamais cessé de revendiquer.
Ayant purgé sa peine d'inégibilité, le sénateur se réjouit d'une probable nouvelle annulation des élections municipales de Corbeil-Essonnes par le Conseil d'Etat. Serge Dassault a déjà
annoncé qu'il serait à nouveau candidat à la mairie. Jean-Pierre Bechter sera dans ce cas "numéro 2 sur ma liste", a précisé l'octogénaire. Si le Conseil d'Etat suit l'avis du rapporteur public,
la ville de Corbeil connaîtra ses troisièmes élections municipales depuis 2008.
Source : Le Monde