Depuis le début de 2010 (et même depuis l’été 2009), nous sommes baissiers. Mais non pas pour des raisons politiques ou moralisantes.
Les raisons :
D’abord historiques/cycliques.
Un cycle de hausse est toujours suivi d’un cycle de baisse. Sa durée: le tiers de celle du cycle précédent. On le vérifie depuis 300 ans dans la société industrielle née sur la mer du Nord au 17ème siècle… Les indices ont monté de 1976 à 2007. La consolidation devrait durer environ 10 ans. Puisqu’ elle a commencé fin 2007, il reste encore 7 ans à souffrir. Pendant ce délai, les indices oscillent entre le plus bas ( 2500 à Paris) et environ les 2/3 de leur plus haut antérieur. Selon les ratios classiques Fibonacci/Eliott. C’est toujours comme ça.
Surtout quand les media nous disent que « cette fois-ci, c’est différent » parce que la Chine etc… D’ailleurs, la bourse n’est pas corrélée à l’évolution de la macro économie, mais à celle des taux et des bénéfices.
Et puis, il y a le rééquilibrage
De tous les excès commis pendant l’euphorie qui a caractérisé, comme toujours, la fin du cycle économique précédent. L’endettement d’abord. Aux niveaux privé et public, il est exagéré, sauf avec des taux d’intérêt nuls, ce qui est le cas pour les emprunts AAA, en fait les Etats. Mais ces taux bas ne sont possibles que si les agents empruntent peu et donc n’investissent pas. Et si les taux montent, le poids des intérêts devient insoutenable. Cercle vicieux ; résolu par la stagnation de la demande jusqu’à ce que chacun ait retrouvé de l’aisance. Aux USA, cela veut dire une épargne privée d’environ 1 an de revenus, en plus des droits à la retraite. On en est encore loin.
Donc l’épargne privée augmente, et les chiffres d’affaires et le prix des logements baisse. L’intervention des Etats pour suppléer la demande privée ou pour la stimuler par des subventions et primes diverses a sauvé les proches du pouvoir (le secteur financier) et procure un effet d’aubaine à ceux qui avaient encore des moyens d’acheter. Elle est donc contre-productive: elle retarde l’ajustement et a surtout un but électoral. Ex : l’annonce que les impôts n’augmenteront qu’en 2012 (en France) …….
La situation évolue donc comme prévu. Aucune raison de changer notre stratégie.
Au plan tactique :
Ces jours-ci, l’optimisme semble revenir. Avec de bons chiffres en Allemagne, et surtout beaucoup de « whishfull thinking ».Car rien n’a changé sur le plan macro : chômage, prix de l’immobilier, rien de nouveau depuis 18 mois. Mais le dernier indice ZEW est de nouveau médiocre. L’abandon de fait de la réforme bancaire (normes de Bâle 3) sous la pression des banques démontre que les gouvernements ne croient pas à leurs propres déclarations. Et comptent sur les banques pour irriguer l’économie avec du crédit. Mais le consommateur US continue à se désendetter, les municipalités et les états du monde entier sont déjà trop endettés.
La hausse des marchés se fait dans de faibles volumes, et ressemble surtout à du trading plus qu’à des investissements. Les vendeurs se sont faits étriller. Les derniers acheteurs auront le même sort.
Pendant ce délai, il faut d’abord préserver son capital contre les effets de la crise (faillite et dépréciation d’actifs après la bulle). Et lui faire produire entre temps un intérêt aussi élevé que possible. Ce n’est sûrement pas avec des bonds du Trésor à rendement quasi nul. Il faut chercher ailleurs. C’est le marché qui, par ses comportements classiques mais émotifs, fournit des solutions.
La peur a fait baisser également les bons et les moins bons, et surtout les plus petits faute de liquidité. Ils procurent des rendements 2 à 3 fois supérieurs à ceux des emprunts AAA. Et la peur est mauvaise conseillère….Quand les comptes d’exploitation et les perspectives garantissent le maintien de ces rendements d’ici à la sortie de la crise, il faut les choisir plutôt que les soit-disant refuges que sont les bons du Trésor US ou autres. Car ceux-ci se déprécieront dès la sortie de la crise, avec la remonté des taux contradiction dangereuse !
Et ne pas hésiter à couvrir ces placements dès que les indices reviennent vers le haut de la fourchette ci-dessus (CAC vers 3800).
Notre portefeuille comprend une majorité de ces valeurs. Les choix faits sont confirmés. Bien plus (ou hélas), les banques les plus rapides commencent à découvrir l’idée (Schroders et ING ont créé des fonds de ce type et chassent, à leur tour, le rendement). Les banques à réseaux y viendront aussi pour leurs petits clients. Mais quand la crise boursière sera terminée. Comme toujours. Nous leur revendrons alors ces valeurs devenues trop chères.
Il comprend aussi des papiers de pays émergents, la ZA d’abord. Car il en va des pays comme des entreprises : les mauvaises réputations ne sont plus toujours justifiées. Ex : les marchés n’ont découvert le Japon qu’ en 1965, alors qu’il fallait y entrer pendant la guerre de Corée (acheter au son du canon, vieille règle). Là aussi notre stratégie est payante, sur la devise comme sur les taux : les étrangers ont déjà acheté en 6 mois plus du double d’obligations sud africaines qu’en 2009 tout entier, avec des rendements en baisse de 15% et une devise en hausse de 18% depuis le début 2010 . Ce n’est pas fini.
En pratique :
On continue nos achats et réinvestissements. Des rendements avant impôts de 7 à 10% valent mieux que des spéculations sur une reprise improbable sauf si on croit que « cette fois, c’est différent ». Recette classique pour perdre en bourse.