Si le plan du livre suit un abécédaire et si le contenu fait preuve d’un travail rigoureux et bien documenté, l’ouvrage de Jean-Luc Hennig sait aussi évoquer le plaisir et la souffrance. Yves Coppens (paléoanthropologue), Desmond Morris (spécialiste de l’éthologie animale et humaine) sont cités comme témoins. Les fesses ne peuvent pas parler d’elles-mêmes. C’est toujours les autres qui les voient et, pour les voir soi-même, il faut un miroir double. On en cherche l’origine dans la station debout et l’usage dans la sexualité. La littérature est abondante, mais la peinture et la sculpture le sont sans doute encore plus. Et l’auteur décrit ces œuvres avec précision et sens du détail. Me revient en mémoire un passage du livre de James Joyce, Ulysse, où Bloom fait un détour pour aller regarder les fesses d’une statue à l’entrée d’un jardin. Ici, quand on tient ce livre, il faudrait en même temps voir les tableaux, les dessins, les marbres. Certains sont vaguement dans notre mémoire, d’autres nous sont inconnus. Et il est question des fesses d’hommes autant que des fesses de femmes, même si l’auteur fait remarquer qu’entre fesse et femme, il n’y a qu’une consonne double qui diffère. C’est l’étymologie de ce mot qui est étonnante : fesse vient de fissa, qui désigne la fente et non la rondeur, comme si le langage donnait le nom du caché au visible. Mais « comment nommer le dos quand il perd son nom avec tant de grâce ? », écrit Jean-Luc Hennig citant Georges Brassens.