La Fédération Camerounaise de Football est sûrement l'une des organisations les plus bizarres de ce type dans le monde entier. Cette structure est en charge d'un secteur hautement stratégique pour le pays. Elle bénéficie en plus d'un privilège rare sous nos cieux : elle est protégée par la très puissante FIFA, qui n'hésite pas à sortir les crocs dès que l'Etat camerounais amorce ne serait-ce qu'une éventuelle tentative d'aller fouiner dans la maison de Tsinga.
De plus, la FECAFOOT bénéficie de subsides importants de la FIFA, de la CAF et des sponsors, notamment l'équipementier Puma. On peut dire sans grand risque de se tromper que le président de la FECAFOOT est, au Cameroun, le seul responsable suffisamment indépendant et doté de moyens suffisamment importants pour produire des résultats au moins honorables. Ses missions sont connues, elles sont claires :
- Organiser les compétitions nationales de football
- Gérer les engagements en compétition des équipes nationales
- Développer la formation et les compétitions de jeunes
Chacun de ces trois volets implique plusieurs actions, permanentes ou ponctuelles. La FECAFOOT est organisée pour effectuer ces missions, et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'équipe actuelle est en train d'échouer dans les grandes largeurs. On peut relever à cet égard la déliquescence au niveau des compétitions nationales, qui s'explique par une carence incroyable en terme de formation et par une absence totale de projet de modernisation. La seule action qu'on peut mettre au crédit de l'équipe actuelle, c'est d'avoir permis l'équipement en maillots des clubs (comme le font plusieurs personnes pour l'équipe de foot de leur village) et d'avoir pompeusement rebaptisé les championnats des noms d'Elite One et Elite Two. Autrement dit, un non événement et une mesure creuse.
Pour le reste, circulez, il n'y a rien à voir. Ou plutôt, sortez vos mouchoirs :
- Aucun stade de construit depuis près de 40 ans. Record mondial.
- Aucune équipe championne continentale depuis 30 ans.
- Un championnat insipide et sans saveur, animé par des entraîneurs sans formation et sans génie.
- Une jeunesse désabusée, qui ne pense qu'à s'en aller, par tous les moyens.
- Une équipe nationale qui ne vit que sur son capital passé. Rien à se mettre sous la dent depuis 2003, soit depuis 7 ans !
- Une gestion opaque des finances, au point que des scandales éclatent concernant la prise en charge de certaines activités par de simples joueurs, alors que des moyens conséquents sont disponibles.
- Une stratégie de communication digne de la Corée du Nord, mêlant un culte du secret imbécile à une arrogance de parvenus et à la bêtise la plus crasse.
La liste est loin d'être exhaustive, mais chacun de ces points constitue un élément suffisamment grave pour réclamer le départ du Président de la FECAFOOT, pour incompétence et sans préjudice d'autres forfaitures masquées pour l'instant par la chape de plomb qu'il a placée au-dessus de l'institution qu'il dirige si mal.
Le fiasco de la Coupe du Monde n'était que l'aboutissement fatal d'une longue glissade qui a commencé il y a très longtemps. Tout le ballet de mesurettes que l'on nous présente depuis ne sert qu'à éviter la seule vraie question : quand donc monsieur Iya Mohamed rendra-t-il des comptes pour l'ensemble de son oeuvre à la tête de la FECAFOOT ?
Punir des joueurs de façon malhonnête et sournoise, publier un code disciplinaire inutile et inepte, traiter par le mépris l'opinion nationale, mener un bras de fer puéril avec Roger Milla pour ensuite nous infliger un simulacre de réconciliation, toutes ces mesures qui visent à donner des dirigeants de la FECAFOOT une image de dynamisme et de compétence, ne produisent que l'effet inverse. Elles ne font que révéler leur caractère nuisible, et rappeler à ceux qui en doutaient encore que ces messieurs ne sont simplement pas à leur place. Ils sont sûrement qualifiés pour d'autres missions (on est toujours compétent pour quelque chose, ne serait-ce que pour lacer ses chaussures), mais gérer le football camerounais est soit au-dessus de leurs capacités, soit très loin de leurs préoccupations.
Dans les deux cas, la solution est simple : ils doivent dégager l'horizon, et le plus tôt serait le mieux.