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NEBRASKA midwest-city

Par Bordierlaurent

Lundi neuf heures trente, il fait chaud et c'est encore un de mes spasmes toniques qui me fait lever juste à l'heure pour un recommandé « à signer de swouit »( comme dit Kolmar, le facteur équipé de son sourire niais, mais toujours très fier de me dire quelques mots en Français.) Par gentillesse, curiosité, ironie peut-être aussi, je lui répond toujours dans ma langue natale :

-Tu parles de mieux en mieux le français, Kolmar !

Le problème avec ce mec, c’est qu’il a pris l’habitude de venir trop souvent chez moi glaner quelques nouveaux mots et cela, sans recommandé ni aucun courrier, alors ça devient un boulot pour moi…Et moi le boulot… Je signe puis le remercie.

Je ne suis pas né ici, mais j’y habite. Ici ? C’est Le Midwest Américain. C'est un peu la Picardie française, mais les corbeaux sont incapables de voler après un repas ( à l'envers comme à l'endroit), les paysans beaucoup plus bourrus et les champs de betteraves inexistants. Comme la plupart des habitants de Midwest-city Je suis à la recherche d'un emploi. Le journal local est gratuit et affiché sur la porte principale de la mairie ; je le consulte chaque matin et ne peux m'empêcher de regarder les pages rencontres , mariages et décès en ricanant, et c’est toujours la même offre qui vient terminer ma lecture :

« Recherchons atteleur de wagons, débutant accepté » Je suis sûr qu’il existe des paris à qui prendra cet emploi pénible.

Ce matin, ma première visite est pour Miss Lengzki, la tenancière de la seule épicerie pauvre en aliments du coin. Son nom est peint en noir sur une grande façade faite de lambris, comme pour ne pas l’oublier.

En souvenir de, à la mémoire de... Ci-gît Miss Lengzki : Grande combattante de notre ville et décédée par le biais des crédits accordés aux habitants du Midwest city.La visite de courtoisie effectuée, en guise de salut, elle me gratifie d'un « au wevwoir mister» puis savoure sa victoire linguistique lentement. Ma phobie est d’être un jour, tellement pauvre, que je me verrais forcé de nettoyer les étables de Midwest-City ; surtout celle de la famille Brown. Ils ont quelques six cents vaches et en parcourant un numéro spécial "Texas" du Reader's Digest, Il était écrit ceci : - Avis aux entomologues, Une simple bouse de vache peut contenir jusqu’à quatre cents insectes différents » Ce chapitre du Reader's m’avait tellement impressionné que j’en avais déchiré la page et l’avais scotchée sur le mur de ma chambre.


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