Lisbon
Fat Possum
États-Unis
Note : 8,5/10
Inutile de se poser plus de questions sur la qualité du quintette américain The Walkmen. Après dix ans de carrière et cinq albums prodigieux, le groupe nous revient en 2010 avec Lisbon, un opus pur et vrai qui a comme unique ambition; la perfection.
Découvert sur la scène indépendante en 2002 avec leur album Everyone Who Pretended to Like Me Is Gone, le quintette de Washington DC a mené jusqu’à aujourd’hui une carrière ascendante, cumulant des simples à grande étoffe comme The Rat, Canadian Girl et In the New Year. Au-delà de ces morceaux, The Walkmen a aussi su se différencier de ses pairs de la dernière décennie grâce à un style unique qui mélange punk, folklore et surf rock à des paroles nostalgiques et dépressives. Un résumé musical qui n’aurait pu être autrement encensé que par les atouts stylistiques des Beach Boys et The Clash.
Pour Lisbon le quintette réutilise sa recette sur des variantes inattendues et inhabituelles pour le genre. Ces modifications peuvent être expliquées par les nouvelles inspirations acquises par les membres du groupe lors d’un voyage à Lisbonne en 2009. Le chanteur Hamilton Leithauser a déclaré lors d’une entrevue que c’est après ce séjour que sa troupe s’est arrêtée en studio pour composer l’opus qui allait porter le nom de la capitale portugaise. Cinq jours ont suffi à l’enregistrement de trente chansons, dont les onze qui figurent sur Lisbon. Pour the Walkmen, il s’agit d’un hommage à une ville qui gagne en ampleur par son authenticité.
« You’re with someone else tomorrow night, doesn’t matter to me, ‘cause as the sun dies into the hill, you got all I need. » Ainsi cantonne mélancoliquement Leithauser au début de Juveniles, la première pièce du disque. Ces paroles élégiaques transcendent le reste de Lisbon comme un spectre bienveillant, mais malheureux. Relayant des mémoires d’amours déchus à une voix meurtrie et passive, Leithauser se présente comme un chef d’orchestre qui mène une troupe musicale prête à balancer des vers aussi tristes que valeureux. Le morceau Stranded prouve d’autant plus cette affirmation avec l’enchaînement d’un orchestre d’instruments à vent à des lignes de guitares quasi muettes.
La pièce la plus abrasive du disque est sans aucun doute Angela Surf City. Ce morceau donne l’opportunité au groupe de créer ce qu’il fait de mieux, du surf-punk rock intraitable. De plus, il est difficile de passer par-dessus les pistes Blue As Your Blood, Victory, Woe Is Me, Torch Song et, bien sûr, Lisbon. Cette dernière pièce conclut l’album de façon subtile et charmante avec une dernière histoire d’amour amère.
The Walkmen prouve son parfait savoir-faire méthodique tout au long du disque à l’aide de la grande qualité de son enregistrement, autant pour les angles des percussions que des micros. Cet atout donne la chance à l’auditeur de vivre une expérience musicale véridique au cœur d’un amour lisboète à tout jamais brisé.
Le groupe sera de passage à Montréal le 8 octobre prochain dans le très intime Cabaret Juste pour rire.