Auréolé de ses prix cannois, La visite de la fanfare arrive sur nos écrans et ne devrait pas tarder à trouver son public. Ce petit film israelien parvient en effet à mêler divertissement et ambition d'auteur.
La critique
Parfaitement joué,réalisé et rythmé : un petit bijou d'émotion
C'est l'histoire d'une fanfare de la police egyptienne qui débarque en Israël. Les membres sont globalement assez âgés à l'exception du jeune Haled (Saleh Bakri). A leur tête, Tewfiq (Sasson Gabai) un homme aussi sérieux que taciturne. La fanfare devait être bien accueillie mais dès son arrivée en gare elle comprend que ça va être la galère. Personne n'est là, au téléphone on ne les renseigne pas...C'est ainsi que notre joyeuse bande de musiciens se retrouve échouée près d'un snack tenue par une femme forte et solitaire : Dina (Ronit Elkabetz). Passé le stade des préjugés, ils vont tous cohabiter le temps d'une nuit et dialoguer, échanger. Tewfiq et Dina vont connaitre une nuit d'échange passionnante , Haled va aider un jeune homme à se décoincer avec les filles. C'est une nuit belle où les préjugés s'en vont, une nuit entre êtres humains solidaires et vulnérables. Une nuit sans conséquence historique mais qui restera dans les mémoires de ceux qui l'ont vécu.
Un peu de trompette ?
Eran Kolirin nous offre avec La visite de la Fanfare un film plein d'humanité, de quoi réchauffer les coeurs pour les fêtes. Nous sommes là devant un cinéma du tendre qui évite toute sensiblerie et qui propose une gallerie de personnages stétréotypés, fort à l'extérieur mais délicieusement tendre à l'intérieur (pour cause de traumatismes passés, refoulés). La réalisation fait la part belle aux plans larges et chaque plan est d'une beauté saisissante. Il y a dans cette oeuvre beaucoup de modestie et en même temps une chaleur humaine, émotionnelle qui fait du bien. Dans le rôle de Dina, Ronit ElkabetzEran Kolirin arrive à nous faire croire que le temps d'une nuit on peut oublier toutes les barrières et se laisser aller à la découverte de la musique intérieure de l'autre. Un beau message, proposé dans un très bel écrin (réalisation nickel, bande originale réussie, rythme soutenu). Pas de lenteurs, pas de lourdeurs scénaristiques : juste de l'émotion et de la poésie. Idéal pour finir l'année en beauté. livre une performance magistrale. Elle incarne à merveille ce personnage de femme insolente , qui pousse son entourage dans ses retranchements, qui aide Tewfik à exorciser son trop douloureux passé.