J’errais dans la Ville Nouvelle de Meknes lorsque je suis tombé sur la façade du Cinéma Caméra. Comme j’aime bien le cinéma, et les cinémas, je suis allé jeter un œil aux films à l’affiche. Les grandes vitrines originalement prévues pour accueillir les affiches géantes format français des films sont malheureusement - et tristement – vides. Par contre, une petite vitrine mentionne la programmation, constituée de «deux grands films au même programme»! La chose serait tentante, mais les films sont en arabe et sans sous-titres. Un regard dans la vitrine principale m’apprend que le cinéma a un horaire spécifique pendant le mois du Ramadan. Alors que je jette un œil à travers la vitre de la porte d’entrée, les deux hommes assis par terre me demandent si je veux entrer pour mieux voir. Le cinéma est fermé, mais l’un d’eux possède les clefs et m’ouvre donc la porte.
Le cinéma Caméra est un de ces vieux et majestueux établissements comportant une grande salle, avec balcon. Le hall d’entrée est donc vieillot mais a du panache malgré l’âge de l’endroit. Des affiches de films passés (ou à venir?) ornent un escalier monumental menant au balcon. Je note le titre «Casanegra», qui semble faire une amusante référence à un classique du cinéma se déroulant justement au Maroc.
L'escalier est décoré d’une fresque murale datée d’une cinquantaine d’années. Je monte, prends quelques photos, et remarque qu’à l’étage, il y a une petite terrasse donnant sur la rue, pour y relaxer en attendant d’entrer dans la salle. De retour en bas, mon guide fait de la lumière dans la salle elle-même et m’ouvre les portes pour que je puisse la visiter. En comptant le balcon, l’unique salle du Caméra peut probablement accueillir plus de 500 cinéphiles.
Après avoir remercié mon guide, je prends donc congé, non sans remarquer l’affiche récente apposée sur la porte et appelant à la sauvegarde des salles de cinéma au Maroc. Avec les kiosques de DVD pirates aperçus à Tanger, Casa et Marrakech, entre autres, j’ai bien peur d’être l’un des derniers voyageurs à avoir pu visiter ainsi le cinéma Caméra.
Et avec ma soirée improvisée au Rialto de Casa, cette visite bouclera mes brèves explorations des salles marocaines.
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La façade du cinéma, le long de la Rue de Paris. Les grands cadres d'affiches, à gauche, sont vides.
Une partie de la fresque murale.
Client consultant la programmation de la semaine.
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posté le 14 décembre à 02:26
Mon pere Antoine Sandeaux decida lors de la creation en 1938 du Camera de rompre avec les criteres de l'epoque en changeant les donnes et en s'adressant a un jeune et talentueux architrecte Edouard Jardin.Le Camera deviendra cette salle magique et sera la memoire collecrive d'une generation de spectateurs. Sa fresque Art Deco representant le 7eme Art, sorte de fenetre ouverte sur l'histoire du cinematographe, peinte par Marcel Couderc. Ce souvenir jauni par tant d'annees continue a faire rever ceux et celles qui avaient coutume de se payer une toile au Camera. En pensant a mon cinema je pense avoir garde l'esprit de cet enfant qui un beau jour se retrouva devant une enseigne dominant le hall d'entree d'un cinema avenue Mezergues, sur laquelle etaient ecrite 3 syllabes magiques qui clignotaient en lui faisant fermer les yeux: CA-ME-RA.