Que serait l’horlogerie sans les hommes? Il n’en serait rien, il nous parait alors évident de vous faire découvrir ce qu’il se passe de l’autre coté du rideau. Nous vous présentons aujourd’hui le talentueux photographe Guy Lucas de Peslouan, dont vous connaissez surement le travail à travers les oeuvres réalisées pour Richard Mille ou encore Peter Speake Marin. Laissez vous donc glisser derrière l’objectif et découvrez l’homme qui s’y trouve.
T.H: Guy pourrais-tu nous expliquer comment en es-tu venu à l’horlogerie?
G.L.P: Je pourrais répondre, « par hasard », et pourtant…
À la suite d’un livre que parut en 2003 pour Hermès, sur le thème de la collection Emile Hermès ainsi que les créations Hermès, Richard MILLE est entré dans les bureaux de l’éditeur avec qui je collabore, en disant vouloir un livre particulier, hors normes… Ce fut mon entrée dans le monde de la haute horlogerie. J’ai pu ainsi rencontrer et travailler avec le personnel de Valgine et surtout d’APRP.
Par la suite, et grâce à Théodore Diehl, j’ai rencontré les horlogers indépendants, tel que Roger W. Smith ou Kari Voutilainen.
C’était le début d’une grande histoire d’amour et de complicité entre les montres, les horlogers et moi. Je souhaite que cela perdure encore longtemps.
T.H: Quelles sont tes autres passions?
G.L.P: En photographie? La haute joaillerie. J’ai vécu des belles aventures avec Boucheron et Van Cleef & Arpels, puis avec Gilan, un joaillier turc en devenir…
Plus généralement, ce sont les métiers d’art. Les artisans sont des gens merveilleux, avec un savoir-faire fantastique et une grande passion pour leur métier. C’est un plaisir de les voir travailler, de les rencontrer et de partager leur humanité.
J’ai aussi beaucoup travaillé dans les cosmétiques et la parfumerie. C’est un travail très technique: transparence, textures, reflets,…. Cela m’a beaucoup aidé pour les montres et la joaillerie.
Plus personnellement, j’adore travailler avec l’eau et la fumée. Le coté aléatoire que génèrent ces textures dans les mouvements et les formes, les rendent uniques.
Pour le reste j’aime la musique et notamment le Jazz.
Je ne joue pas, mais j’écoute beaucoup de choses…J’aime la mer, sa puissance force le respect et nous remet à notre juste place. Le ski et le cheval. Enfin les rencontres et les rapports humains…
T.H: Quelle est la plus grande différence entre les différents travaux que tu entreprends et ceux sur l’horlogerie?
G.L.P: En tant que photographe de nature morte, je me qualifierai de sculpteur de lumière. Je considère que les objets que je photographie ont une âme. L’idée est d’essayer de retranscrire les émotions que suscite l’objet ainsi que sa beauté. La seule différence importante réside dans l’approche de l’objet…
Photographier des personnes n’est pas ma spécialité. Toutefois c’est super quand le feeling passe.
J’adore faire des photos pendant les concerts de Jazz. C’est intuitif et instinctif,…parfois magique.
T.H: Quel est le modèle qui t’as le plus marqué?
G.L.P: Il est difficile de répondre car il me reste tellement de choses à découvrir.
Le premier a été la RM 008 de richard Mille, le second ce fut une montre à gousset grande sonnerie de chez Audemars Piguet, puis le Datograph de Lange & Söhne. J’ai également vue de très belles choses chez les indépendants: la qualité des finitions, l’originalité ou classicisme des mouvements. Le design des montres de Peter Speake-Marin est génial dans sa simplicité, sa féminité des courbes et la force qui s’en dégage. Avez-vous déjà observé un garde temps De Bethune de prêt? J’admire également beaucoup l’Atmos de Jeager Lecoultre ou le planétaire de Richard.
T.H: Quelle personne dans le milieu horloger t’a le plus marquée?
G.L.P: Malheureusement je ne les connais pas tous, loin s’en faut. Cependant je pourrais citer Julio Papi, pour sa force tranquille, son génie créatif et son humanité; Thomas Prescher pour son tourbillon tri-axial; Nicolas Hayek et Jean-Claude Biver, qui sont tous deux de grands « croqueurs » aux intuitions géniales; Richard Mille,qui n’est autre que l’horloger du troisième millénaire; Lionel Ladoire, l’électron libre enfin Maximilian Büsser et son univers. Je pourrais en citer tant d’autres…
T.H: Sous quel angle préfères-tu photographier une montre? Pourquoi?
G.L.P: Comme je le disais plus haut, les objets ont une âme. De ce fait, chaque montre a ses atouts et ses défauts. C’est ce qui m’amène à choisir un angle plutôt qu’un autre. Et puis cela dépend aussi de l’esprit d’ouverture du client.
T.H: Quel photographe t’as le plus influencé dans tes travaux?
G.L.P: Je pense qu’il s’agit de Daniel Jouanneau, un grand photographe des années 70-90. Il travaillait toujours avec le même genre de lumière, mais le résultat était toujours époustouflant. C’était aussi la grande époque de l’argentique en grand format (20 X 25) dont je suis issu. C’était également l’époque de Newton et Peter Lindbergh dans le milieu de la mode.
T.H: Quel message veux-tu transmettre dans tes œuvres?
G.L.P: Les œuvres que je photographie ont un message. J’essaye juste de le retranscrire de mon mieux,
avec sensibilité et humanité. Une photographie est réussie quand il y a de la vie dedans et que la personne qui la regarde se l’approprie.
T.H: Quelle vision de l’horlogerie as-tu actuellement?
G.L.P: Nous vivons une période trouble. Cela va permettre à cette industrie de se repositionner, avec moins de “bling-bling” et plus d’horlogerie. La créativité est là et je suis sure que nous verrons des choses surprenantes très bientôt. La haute horlogerie a un grand avenir devant elle. On parle ici d’art et l’art ne peut pas mourir. Alors je suis très optimiste.
T.H: Où pouvons-nous retrouver tes œuvres?
G.L.P: J’ai comme beaucoup de personne une page sur Facebook: Guy Lucas de Peslouan.
On peut également retrouver quelques uns de mes travaux sur mon site internet: www.artsight.fr
J’ai également réalisé six livres aux Editions du Cercle d’Art:
- Hermès, la beauté en voyage, qui est un travail sur la sellerie et la maroquinerie
- Boucheron, la Capture de l’éclat, qui concerne la Haute joaillerie
- Deux ouvrages pour Richard Mille, Richard Mille et Individus techniques, Individus humains
- Enfin deux livres sur Van Cleef & Arpels, Reflets d’éternité et le Temps poétique.
J’ai également participé au livre sur les finitions horlogères d’Audemars Piguet.
Enfin j’exposerai mon travail personnel sur la fumée, « Allégories 2 », du 7 au 12 septembre 2010 à la Galerie L’œil du Huit au 8 rue Milton à Paris.
Voici les horaires :
Du mardi au samedi de 14 à 19H
Le Dimanche de 11 à 19H
Vernissage a lieu le jeudi 9 septembre à partir de 18h30
Quelques Oeuvres de Guy:
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