La curiosité du film choisi cette année pour succéder au voyage de Sam Rockwell sur la Lune, c’est sa nationalité. Suisse. Combien d’entre vous ont déjà vu un film de SF suisse, sincèrement ? Sans vouloir porter ombrage au pays de Jean-Luc Godard, il est cocasse de découvrir l’existence d’un film suisse s’aventurant dans l’espace. Bien sûr j’ai acheté ma place d’emblée pour cette rareté (déjà passée par Gerardmer) intitulée Cargo, d’autant que le synopsis était vraiment excitant : au 23ème siècle, la Terre n’est plus qu’un lointain souvenir pour l’Humanité. Notre belle planète bleue n’est plus habitable, trop polluée. A la place, les êtres humains se sont refugiés dans des stations spatiales surpeuplées, excepté ceux ayant les moyens de se payer une place sur Rhea, une distante planète accueillante pour l’espèce humaine.
Le cadre est posé. Notre héroïne est médecin. Elle embarque à bord d’un vaisseau dont l’équipage part construire une nouvelle station spatiale, à quatre années de distance. Pour un tel voyage, l’équipage est placé en cryo-sommeil. Seule une personne de l’équipage, à tour de rôle, prend une garde de huit mois, éveillé à bord du vaisseau. Mais alors que la destination n’est plus qu’à quelques semaines, notre toubib, de garde, a l’impression que quelqu’un d’autre est présent à bord…
La déception de Cargo vient contre toute attente du scénario. Le point de départ riche en possibilités cinématographiques - terre surpeuplée, abris de fortune dans l’espace, une riche planète de substitution à la Terre – n’est finalement pas exploité autrement que dans une direction attendue, quelque peu essoufflée par d’autres films, passés plus tôt et ayant déjà traité sujets similaires avec plus d’aplomb et d’originalité. Cargo nous sert un plat froid dans lequel on a déjà plus d’une fois planté nos fourchettes. Les réalisateurs Ivan Engler et Ralph Etter essaient de nous faire peur avec une présence inquiétante, sans grand suspense. Ils dénoncent les mensonges des grands de ce monde qui tentent de nous faire avaler des cachalots. Ils crient au danger du non respect écologique de notre planète. Mais tout cela manque de voix malgré les cris. Sans être mauvais, Cargo est décidément bien convenu.Et me revoilà plongé un an en arrière, lorsque je marchais sur la Lune avec Sam Rockwell… Ca c’était de la grande SF.