L’olympique lyonnais reçoit à Gerland les allemands de Schalke 04 pour leur entrée en Ligue des Champions. Point commun entre les deux formations, un début de championnat très poussif, loin des attentes au vu de leurs objectifs et de leurs potentiels.
Qui est donc Lisandro Lopez ?
Lisandro Lopez a commencé à taper dans un ballon dès son plus jeune âge, dans un petit village de mille habitants nommé Rafael Obligado se trouvant à 250 km de Buenos Aires. Il signe sa première licence et apprend ses gammes dans le club de Jorge Newbery. Un club qui ne l’a pas oublié et qui lui dédie dans une salle, un autel à sa gloire. Il est repéré par Miguel Angel Mico qui l’emmène dans ses bagages direction la banlieue Sud de la capitale du côté du Racing Club Avellaneda, équipe historique du championnat argentin. Ses débuts sont excellents, il montre des qualités de buteur, surtout de la tête malgré sa taille relativement moyenne (1m74), ainsi que des qualités physiques impressionnantes qui lui permettent d’exercer un pressing incessant sur les défenseurs. Il évolue en pointe formant un duo de choc avec un certain Diego Milito. Juan Eluchans, attaquant la saison passé du stade Malherbe de Caen raconte « lorsque j’évoluais à Independiente, j’ai joué contre Lisandro. Il n’était pas bavard, plutôt humble, généreux et discret avec la presse ». Les caractéristiques principales des habitants de la province très rude de Rojas.
Son année 2004 est conclue sur un total de dix huit buts, ce qui naturellement attise la convoitise des grands clubs européens. En 2005, il signe avec le FC Porto ou il passe quatre saisons couronnés d’autant de titres de champion, deux coupes du Portugal, avec point d’orgue sa saison 2007/08 qui le voit finir meilleur buteur du championnat avec 24 buts, 49 buts au total. B.Alves devenu son ami raconte « Licha c’était notre guerrier, je le voyais courir partout, harceler sans cesse. Il faisait d’un enfer la vie des défenseurs. Par son mental il tirait l’équipe vers le haut. A part son goût pour le maté il est parfait ! ». Son coéquipier Mariano Gonzalez en rajoute une couche « c’est un compétiteur jamais au repos, les soirs de défaites ou même de victoire mitigée il filait front bas au vestiaire en grognant sa fureur ».
La Superliga devient un championnat trop petit pour son talent. En ligue des champions lors de la saison 2008/09, ses six buts permettent au FC Porto d’atteindre les ¼ de finale, finalement éliminé par Manchester United. Mais son talent à un prix, et le très puissant président Pinto Da Costa fixe la barre très haut, même s’il ne reste qu’une seule année de contrat au joueur argentin.
C’est finalement l’Olympique Lyonnais qui sort le chéquier et s’offre les services du buteur argentin pour la coquette somme de 24 millions d’euros (+ 4 millions de bonus). Son arrivée fait jaser, encore peu connu en France, son montant laisse beaucoup de spécialistes sceptiques sur un tel investissement. Son mois d’août 2009 de folie rassure rapidement les lyonnais qui en font immédiatement leur chouchou. Deux buts en L1 mais surtout il explose à lui tout seul le club belge d’Anderlecht au tour préliminaire de la Ligue des Champions. Sa saison est remarquable, il inscrit quinze buts en championnat ajoutant cinq passes décisives. En Ligue des Champions ses sept buts et ses deux passes décisives permettent à Lyon d’atteindre pour la première fois de son histoire les demi-finales de la coupe « aux grandes oreilles ». Son année est couronnée lors de la cérémonie de l’UNFP qui le désigne meilleur joueur de la Ligue 1.
Du côté de l’albiceste, Licha obtient sa première sélection en mars 2005 face au Mexique. En Argentine, il doit faire face également à une concurrence des plus féroces. Son absence de la liste de Maradona ne fera pas grand bruit en Argentine, pourtant l’ancienne gloire stéphanoise, Oswaldo Piazza ne tarit pas d’éloges sur le lyonnais « Complet, intelligent, puissant, c’est l’argentin qui a le plus appris en Europe ». Il compte actuellement sept sélections pour un but marqué.
Un problème Lisandro ?
Revenu de vacances avec un surplus de poids –certaines sources parlent de 8 kg !- sûrement dus aux trop nombreux « asados », Lisandro subit les foudres de son entraîneur Claude Puel. Blessé également au tendon d’achille, Lisandro manque la reprise de la L1. Pourtant pas avare d’efforts, il ne goûte que modérément à la préparation physique d’avant saison concocté par le général Puel. On parle d’un différent entre les deux hommes. A l’origine du contentieux, Lisandro blessé est obligé d’accompagner ses coéquipiers en stage en Angleterre alors qu’il pensait rester à Lyon afin d’accélérer sa guérison.
A sa décharge, les nombreuses blessures au sein de l’effectif plaident en sa faveur. Remplaçant contre Lorient, il débute enfin un match comme titulaire face à Valenciennes. Mais on sent encore un joueur en manque de rythme et de repères. Le président Aulas conscient de l’enjeu et surtout du talent de son joueur est intervenu, il affirme ainsi dans la presse qu’il a envoyé une lettre (un avertissement ?) à Lisandro Lopez lui rappelant ses devoirs en tant que joueur lyonnais.
Le début de saison de l’OL.
Cinq points en cinq matchs, voilà le bilan famélique de l’ogre lyonnais en ce début de championnat. Une cascade de blessures, de joueurs hors de formes, des arrivées tardives, Claude Puel navigue à vue. Plus inquiétant, son public n’a pas hésité à la siffler lors du dernier match de championnat. Son autorité et son management font de plus en plus débat au sein du groupe et même de la direction.
Signe qui ne trompe pas, Jean Michel Aulas est intervenu ce lundi au centre Tola Vologe devant le staff technique et ses joueurs. Puis devant la presse : « je suis sûr de mon staff et de mes joueurs. On a un début de saison compliqué par ce qu’on avait beaucoup d’internationaux, la préparation physique n’a pas été uniforme et on a eu des blessures. On y a réfléchi et on traite le problème ». Le premier fusible a sauté n’est autre que le préparateur physique Vincent Espié remplacé par Alexandre Dellal.
L’arrivé du défenseur central Diakhaté, international sénégalais, a pour but d’une part, stabiliser la défense centrale lyonnaise et d’autre part replacer Toulalan en milieu de terrain.
Toujours en défense, c’est le cas Cissokho qui pose problème. Alors que le joueur s’estime guéri et apte à reprendre, le Général Puel ne le convoque même pas dans le groupe, à la grande stupéfaction du joueur. Surtout que son remplaçant, Kolodziejczak n’apporte pas vraiment toutes les garanties à ce poste et à ce niveau.
Au milieu c’est le cas Toulalan qui donne du tracas à son coach. Evoluant en défense centrale, le lyonnais est exclu du groupe France par Laurent Blanc qui justifie son absence par son manque de talent à ce poste. Après l’épisode douloureux du mondial africain, le joueur se retrouve déstabilisé et enchaîne les prestations moyennes. Son repositionnement au milieu doit lui permettre de retrouver ses marques et sa « garra » légendaire.
Le gros coup du mercato est réalisé par Aulas qui subtilise Yoann Gourcuff à Bordeaux. Le président olympien n’a jamais caché son admiration pour ce joueur et se félicité de ce transfert. Il attend, tout comme son coach, qu’il apporte le lien manquant au milieu de terrain avec les attaquants, et qu’il fasse enfin oublier un certain Juninho.
Devant, Briand n’a pas encore fait oublier Govou, Gomis est satisfaisant, Bastos et Delgado étant plus dans la case infirmerie que sur les terrains de jeu. La surprise pourrait s’appeler Jeremy Pied.
Lyon joue son premier match de ligue des champions sans grandes certitudes dans son jeu et dans sa tête. Le retour du guerrier Lisandro peut influer une nouvelle dynamique à l’équipe et pousser ses coéquipiers pour que Lyon puisse enfin lancer sa saison. Son retour suffira t’il ? Début de réponse ce soir.