Névés, yacks, cabanes, cascades et basket (Vallée du Nujiang, 4/?)

Publié le 14 septembre 2010 par Aurélien
7 août
Riz du matin, pas de colombin. L'estomac rempli de thé au beurre de yack bien baratté, nous quittons ce petit paradis vers 9 heures - gros effort pour ne mettre qu'une heure et demie à nous préparer! - et nous débutons l'ascension à flanc de névé, en compagnie des habitants du village et de leurs quadrupèdes qui montent en galopant.
Le col est à 4200 mètres d'altitude, mais nous avons dû nous accoutumer car la montée se fait sans douleur. Le versant qui s'ouvre est un merveilleux camaïeu de verts.
Notre guide, Aluo, discute le bout de gras avec les bergers du village, et s'amuse à travailler du lance-pierres.
La descente est tranquille; Aluo et les deux porteurs musent dans les bosquets d'où ils cueillent de quoi agrémenter notre repas du soir.
Ayant du temps devant nous - et Aluo semblant ne pas devoir prendre en considération la possibilité si ténue soit-elle d'une pluie vers les, disons, 4 ou 5 heures de l'après-midi, nous faisons une halte prolongée dans une bergerie.
Le soleil tape dur, nos chaussures nagent dans la fange circumbergeriale, un petit jeune se pointe, au look de vendeur de téléphones portables, T-shirt en Anglais et casquette à l'envers. Nous patientons.
A l'intérieur de la bergerie, il fait un feu et place en équilibre sur les bûches une marmite au fond de laquelle il a coincé en torsion des arceaux de bambou. Pendant que l'eau chauffe, nous le voyons préparer une sorte de pâte à pain; quand l'eau bout, il étale la pâte et la pose, dans la marmite, en appui sur les arceaux.
La pâte cuit ainsi à la vapeur, pendant une demi-heure. Evidemment, les bûches se délitent en se consumant, et la marmite manque se renverser.
Le vendeur de téléphones a ainsi cuit une sorte de galette, qui se mange trempée dans du beurre de yack chauffé à la poêle et accompagnée de thé au beurre de yack. Le pain ainsi assaisonné est étonnamment bon, la chaleur, le salinité et l'onctuosité du beurre de yack relevant la consistance fade du pain.
Nous quittons la bergerie. Nous marchons d'un cours d'eau l'autre. Fréquents ponts; de temps à autre une cabane.
Vers cinq heures, la pluie se déclenche. Nous marchons les yeux fixés sur l'horizon tels des GI dans les lianes vietnamiennes.
Après quelques heures, nous parvenons, en pleine forêt, à deux cabanes voisines. En contrebas, la rivière et ses serpents; en surplomb, des fourrés aux herbes piquantes. Nous nous installons dans ces cabanes pour la nuit. A dîner, le goût des plantes qui accompagnent notre riz vespéral évoque de manière frappante la moutarde.
Connexion Nujiang-Dijon.
8 août
Dernière étape, officiellement 2600 m - 1800 m et arrivée à Dimaluo (迪麻洛). En pratique, nous suivons la rivière Dimaluo le long de ses gorges, en nous élevant de plus en plus haut par rapport à elle.
L'eau là encore est omniprésente; elle coule de toutes parts, se rassemble, et tumultue à nos pieds.