Du coup : pas envie de fumer.
Depuis cela va mieux : je ne ressemble plus à une femme battue, et n’ai presque plus mal, enfin pas tout le temps. Il me reste à patienter quelques mois avant de pouvoir recevoir l’implant maxillaire : donc quelques mois encore sans cigarette. Et puis après il faudra entre 6 et 9 mois encore sans cigarette pour permettre à la greffe de prendre. L’interdiction va être totale encore plus d’un an : autant vous dire que c’est un arrêt définitif. Il y a bien encore de rares fois où j’ai une remontée d’envie. Par exemple quand je suis colère et que l’envie de passer outre les convenances et formules de politesses se fait violement ressentir… Mais dans ces cas je sens le trou dans ma mâchoire, et cette sensation très désagréable suffit à m’ôter illico toute envie de cigarette.
Mais ne croyez pas que le sevrage a été sans impact sur moi ou sur mes proches : j’ai été insupportable, exécrable même. Evidemment, armée de toute la mauvaise foi possible, je me disais que ma mauvaise humeur était due à la douleur ressentie du fait de l’opération. Ce qui était vrai mais pas uniquement : il eut fallu admettre la part de responsabilité du manque de nicotine.
D’ailleurs, s’il l’on en croit mon binôme de vie – mais l’objectivité de son jugement est assez facilement contestable, je suis encore insupportable. Comme je suis une fille incroyablement exceptionnelle à la base et que le mot « chiante » ne fait pas partie de mes traits de caractère ( … hmm), j’ai admis (de force) que j’avais bien été épouvantable ces derniers jours et en ai conclu qu’il s’agissait du premier effet secondaire de l’arrêt de la clope. Ne nous attardons pas sur ce premier point, la discussion inutile au demeurant risquerait en plus d’être crispante. Hop ! Passons au deuxième effet secondaire observé ! Et en plus c’est un effet positif : le teint !
Et oui, 16 jours après avoir quitté la maudite enfumée, mon teint habituellement gris et terne, est aujourd’hui d’un joli rosé-abricoté du plus bel effet. Je suis la réincarnation d’Heidi les cheveux bouclés et l’accent suisse en moins. Avant je ne concevais pas de sortir de chez moi sans avoir préalablement masqué mon teint de cendrier derrière une épaisse couche de fond de teint épais et couvrant, coloris « belle des champs » ou « biscuit d’été » ou « rosée du printemps ». Je découvre donc la joie de pouvoir partir au bureau le matin sans m’astreindre à ce fastidieux travail de camouflage. Ma peau est doublement contente car elle a récupéré un niveau d’oxygénation au top avec l’absence de cigarette et de fumée d’une part, et de maquillage d’autre part : c’était un peu la « double peine » pour reprendre une thématique malheureusement fort tendance en ce moment dans notre beau pays.
Par contre, coté poumons la situation n’est encore aussi rose : je suis partie samedi en randonnée en pensant, pauvre ingénue que je suis, que les deux semaines d’arrêt allaient me permettre de gravir les 800 m de dénivelé la fleur au sac à dos et d’arriver là-haut tout là-haut fraiche et reposée comme dans un spot publicitaire pour déodorant. Que nenni. J’ai souffert, sué, pesté, me suis régulièrement étouffée, m’arrêtant presque à chaque pas le souffle coupé, les poumons douloureux et le cœur battant à rompre. C’est donc rougeaude, à bout de souffle, littéralement trempée de sueur que je suis arrivée au terme de la randonnée. D’ailleurs quand l’Homme - qui a arrêté il y a 3 ans et qui depuis pratique régulièrement la course à pied – m’a proposé tout frais et guilleret « de pousser plus loin pour aller voir la cascade là-bas-en-plus-tout-en-haut » j’ai prétexté une soudaine envie d’exprimer mon admiration pour ce paysage incroyable avec quelques touches d’aquarelle. Il est donc partit en direction de la cascade, sautillant comme un isard, seul. J’ai fait semblant de dessiner quelques traits sur mon calepin et me suis effondrée dans l’herbe dès qu’il n’était plus en contact visuel. Qui a passé l’heure suivante vautrée dans l’herbe à ahaner ? Je connais tous les mots possibles pour décrire cette sensation désagréable pour ne pas dire douloureuse : époumoner, essouffler, fatiguer, haleter, harasser, panteler, peiner, souffler … CREVER !!!
Je sais bien qu’il va falloir du temps à mes petits poumons maltraités pendant des années pour se débarrasser de l’affreuse couche de goudrons et saletés en tout genre, pour que les petites alvéoles s’ouvrent et permettent à nouveau une correct oxygénation, et que ce processus ne se fera pas en 15 jours, non non non. Cela va prendre des mois. Mais le processus est bien enclenché : j’ai commencé ce matin à évacuer les petiets glaires noires que connaissent bien ceux et celles qui ont entrepris un jour ce chemin. Charmant ! Néanmoins, tout cela ne me fait pas changer d’idée : ma mâchoire est toujours là pour me rappeler à l’ordre.
La prochaine fois je vous parlerais d’un autre effet secondaire de l’arrêt de la cigarette et qui mérite à lui seul un article : j’ai faim tout le temps !!