Meknès est une autre ville impériale. Pour faire une histoire courte, Fès est la plus ancienne ville impériale du Maroc et en a été pendant longtemps le centre politique et administratif. Sous le règne des dynastie berbères Almoravides et Almohades (donc environ 200 ans entre 1050 et 1250), la capitale impériale était Marrakech. Quand une nouvelle dynastie prit le pouvoir par la suite (Les Alaouites), le sultan, Moulay Ismail, décida d’installer sa capitale à Meknès. Le règne d’Ismail a duré 55 ans, mais après sa mort, les sultans subséquents se réinstallèrent tantôt à Fès, tantôt Marrakech. Meknès est donc la ville impériale d’un seul règne.
Après une marche d’une demie-heure, nous rejoignons la place El Hedim, qui marque l’entrée de la medina. Tout comme la ville nouvelle, la vieille cité est beaucoup plus petite et tranquille que celles de Marrakech et de Fès. Nous errons d’abord dans des souks qui rappellent plus les quartiers de camelotes latino que des marchés marocains intéressants, avant de traverser une porte nous ramenant dans le centre de la medina, où les bâtiments, mêmes vieux, sont plus beaux et mieux entretenus. Nous réalisons toutefois rapidement l’équation Ramadan plus Meknès égal tout est fermé. Restos, boutiques, commerces de service, tout.
De retour dans la place El Hedim, il fait une chaleur intense et nous optons pour une pause. Nous nous joignons à un groupe d’infidèles installé sur une terrasse devant le souk aux épices et on se paye un sprite, le dégustant en public, nonobstant le Ramadan. Étrangement, certains marocains sont également installés sur la terrasse et observent le va et vient de la place, mais sans rien consommer.
Compte tenu de la chaleur et de l’étendu du domaine – dont on ne peut que visiter un édifice, le reste étant encore réservé au roi – nous optons pour la visite en calèche. Après cinq minutes, nous nous félicitons déjà de ce choix, alors que nous longeons les murailles, longues d’un kilomètres, sous un soleil de plomb, avec rien à voir d’autres que des créneaux de part et d’autre de notre route.
A la fin de cette visite-express, il attend évidemment un pourboire ; l’entrée était de 10 dirhams, je lui offre donc la même chose ; il rechigne, passe près de me dire que ce n’est pas grand-chose, mais je le coupe rapidement : «Je ferais attention à ce que je vais dire, moi»… Il accepte le pourboire avec un sourire. J’ai l’air d’avoir été impoli, ou à tout le moins rude, mais il faut remettre la scène dans le contexte des jours précédents au Maroc.
Cette anecdote, qui était la première du genre mais loin d’être la dernière, explique ma mise en garde au pseudo-guide improvisé du grenier. Surtout qu’encore une fois, il nous avait enlevé sans que nous n’ayons besoin d’un guide, nous avait fait faire un tour très rapide, et avait pris des photos amusantes mais mal cadrées et floues.
La fin de l’après-midi allait être marquée d’une visite surprise au cinéma de Meknès, puis d’un souper cuisiné dans la chambre de notre hôtel et une balade dans les rues de la Ville Nouvelle, soudainement animées en soirée, après que les gens aient mangé leur repas du soir, une fois l’appel à la prière et le coup de canon entendus.
Restera de la visite de Meknès un sentiment étrangement incomplet; avec le Ramadan et les boutiques fermées, j'ai eu l'impression d'une ville endormie, comme si je n'avais pas visité la vraie Meknès... Quand à la cité impériale, comme ses bâtiments sont interdits aux visiteurs, il est impossible d'en avoir une réelle opinion, et son étendue démesurée rend impossible une vue d'ensemble ou un souvenir aussi marquant que mes errances dans les cités de Marrakech ou de Fès.
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Quelques photos de plus de Meknes:
Porte Bab Mansour, devant la place El Hedim. On raconte que c'est la plus majestueuse porte du Maroc, avec deux postes flanquant l'arche principale, mais j'avoue que même si c'est beau et bien décoré, ça n'a pas le charme de Bab Boujeloud de Fès. Et puis aussi belle soit cette porte, elle n'ouvre sur rien, et se trouve sur une vaste avenue devant une vaste place et est flanquée d'une longue muraille uniforme, ce qui la rend moins spectaculaire que d'autres portes moins grandes. (Les colonnes supportant la porte sont romaines; elles avaient été "ramassées" dans les ruines de l'ancienne cité romaine de Volubilis, située à quelques km de Meknès, lors de la construction de Bab Mansour).
Un des édifices du palais royal de la cité impériale.
Avec les infidèles au café de la place El Hedim. La porte Bab Mansour en arrière-plan.
Sur le toit de la medersa Bou Inania, avec vue sur le minaret de la Grand Mosquée.
Dans les rues de la medina.
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