Quelques années après les événements d’Armitage III, Naomi et Ross élèvent ensemble leur petite fille Yoko sous de fausses identités, alors que le gouvernement de Mars souhaite entamer la phase Zephyria du programme de terraformation pour achever le plan de colonisation en dotant la planète rouge de ses propres océans. D’un autre coté, les dirigeants de la Terre préféreraient voir ce monde demeurer une simple colonie à leur botte afin d’en poursuivre l’exploitation…
C’est dans ce climat de tension politique qu’une usine illégale de robots de troisième génération est anéantie par un groupe de mercenaires. Elle-même une Third, Armitage décide d’enquêter… A son grand dam, elle et sa petite famille se retrouveront au beau milieu d’un complot interplanétaire échafaudé pour garder les robots sous l’emprise d’humains devenus paranoïaques à la simple idée de voir leur création devenir « autonome ».
S’il reste loin d’un classique incontournable, ce film se laisse voir sans se faire prier : dans les grandes lignes, c’est un bon développement de l’univers présenté dans l’OVA préquelle, et qui gravite toujours autour du « complexe de Frankenstein » (1) caractérisant cette société future pour le moins inspirée par l’œuvre du Docteur Asimov.
Comme souvent dans les histoires se réclamant d’une mouvance cyberpunk où dominent les magouilles corporatistes, la narration est parfois un peu confuse en dépit de la simplicité de l’intrigue mais reste assez intelligente et pertinente par rapport au thème propre à la franchise Armitage : cependant, ne vous attendez pas à des trésors d’imagination car c’est plutôt une œuvre qui se veut distrayante – ce qui n’a d’ailleurs rien d’un défaut.
Et à ce niveau-là, on est quand même gâtés car Armitage: Dual-Matrix est une très belle réussite sur le plan technique. Designs, éclairages, ambiance sonore, modélisations et animations 3D présentent tous une très bonne facture en dépit de quelques faiblesses très ponctuelles largement passables et que vous remarquerez à peine.
Si quelques scènes d’action – indispensables pour ce genre de productions – rythment l’ensemble de manière heureuse et sans trop en faire, c’est aussi un film d’ambiance dans le style « polar noir » cher au cyberpunk, avec notamment un personnage qui ne va pas sans rappeler Marilyn Manson pour la touche Rock & Roll et quelques clins d’œil à Ghost in the Shell (Mamoru Oshii, 1995) ou à Gunnm (Hiroshi Fukutomi, 1993) pour faire bonne mesure…
Action, suspense, rebondissements, et une réalisation sans faille au niveau technique : comme pour sa préquelle, Armitage : Dual-Matrix est le candidat idéal pour une soirée vidéo détendue en comité de préférence plutôt nombreux et bien joyeux.
(1) expression désignant des récits où les robots sont considérés, à tort ou à raison, comme des menaces pour l’autorité des êtres humains.
Notes :
Ce film est la séquelle de l’OVA Armitage III.
Le nom d’Armitage est tiré du roman Neuromancien de William Gibson, un des principaux ouvrages fondateurs du mouvement cyberpunk.
Armitage: Dual Matrix, Katsuhito Akiyama, Makoto Bessho & Takuya Nonaka, 2002
Kaze, 2003
90 minutes, env. 40 €
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka
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