Dans le cadre de sa résidence de graphisme à Chaumont, Fanette Mellier a invité cinq auteurs à écrire un texte afin d'en inventer la mise en forme dans un souci de mise en abîme de la lecture.
Dans la zone d'activité, d'Éric Chevillard, est le premier de ces "livres bizarres", publié à 1000 exemplaires par les éditions Dissonances (7 rue de la Santé, 75013 Paris), en vente auprès de l'éditeur et dans certaines librairies.
Il rassemble une trentaine de portraits caustiques de l'homme réduit à sa seule fonction professionnelle, selon le vœu et l'idéal de nos sociétés modernes.
Alors, je l'ai commandé à l'adresse indiquée ci-dessus et je l'ai trouvé aujourd'hui dans ma boîte aux lettres. Mon exemplaire est vert (oui, je crois qu'il y a quatre couleurs : vert, bleu, jaune, rouge) cousu de fil jaune (il y a 8 couleurs de fils de reliure, ce qui permet 32 combinaisons différentes. Attention aux collectionneurs).
Voilà pour le contenant, parlons du contenu, maintenant. Chevillard a dressé 28 portraits de métiers différents. Un extrait ?
Le chargé de communication
Ou chargé de com, c'est moins lourd. Pour une banque qui s'apprête à ouvrir un agence supplémentaire en plein centre-ville. Il bosse sur le projet depuis six mois. Il ne compte pas ses heures. Il s'agit de ne pas rater le lancement. Tout repose sur lui. Sacrée responsabilité. À quarante-cinq ans, c'est la première fois qu'il a en charge un dossier d'une telle importance.
Le coeur de votre ville va battre plus fort.
Ce sera le slogan qui s'est inscrit en clignotant dans son cerveau, une nuit qu'il ne dormait pas. Il ne dort plus d'ailleurs.
Bon, je ne vais pas tout raconter. Ce qui est intéressant dans cette série de portraits, ce sont les lignes en italiques qui raconte une histoire à elles toutes seules et amène une chute à chaque description.