TOPOPHONIE ET LOCALISATION SONORE
ENTRE SCIENCE ET CREATION SONORE
La topophonie n'est pas vraiment un néologisme, tout juste une variante scientifique, une extension sémantique que l'on
s'accorderait en partant d'un appareil bien réel quand à lui : le Topophone. C
e Topophone servait à l'origine à éviter les abordages en mer.
On connaît les capacités de l'oreille humaine, mais aussi ses limites quand elle n'est pas aidée par la vue. Au début du XXe
siècle, si un navire naviguait dans le brouillard, il lui était quasiment impossible de situer dans l'espace une corne venant d'un autre navire qui pouvait alors le percuter
accidentellement, ou l'attaquer. C'est ainsi un ingénieur du service des phares des Etats-Unis Heap, a conçu un appareil étrange, renforçant la sensibilité de l'oreille, mais surtout lui
permettant de localiser d'où venait la source sonore d'un autre bâtiment flottant. Le Topophone tire son nom de topos, lieu, et phôné, voix, en grec.
L'appareil est fait constitué de deux récepteurs acoustiques orientés en sens opposés, que le marin utilise un peu comme un
stéthoscope, avec ses deux branches reliant les pavillons à ses oreilles. Il suffisait alors d'orienter correctement les écouteurs, en pivotant la tête jusqu'à ce que le signal sonore soit
parfaitement localisé.
Par la suite, ce Topophone a beaucoup évolué, notamment vers les années trente, où furent fabriqués des dispositifs d'écoute,
allant de l'appareil acoustique à des architectures dédiées, tentant de localiser les avions ennemis pour parer à des bombardements surprises.
En voici quelques exemples imagés qui se passent de commentaires.
Mais me direz-vous, pourquoi aborder un sujet scientifique , maritime, aérien et qui plus est un brin militaire voire guerrier, sur une page normalement dédiée à la création sonore a priori plutôt artistique.
Et bien les inventions parfois extravagantes de ces systèmes d'écoute les rapprochent en fait de certaines installations ou dispositifs sonores, néanmoins à visées plus pacifistes, dont ceux d'artistes comme Akio Suzuki, Michel Risse, Pierre Mariétan, Baudouin Oosterlinck, Pierre-Laurent Cassière, Laurent Remiche... Notons que la démarche de ces artistes est très souvent liée à des postures d'écoute paysagère, où le paysage sonore devient source de recherche esthétique, à cheval entre environnement sonore et pratiques artistiques. Des oreilles revues par Michel Risse (Décor sonore).
Le schizophone de Pierre-Laurent Cassière
Prothèse auditive de Baudoin Oosterlinck
Architecture d'écoute - Akio Suzuki, le jardins des deux rives à Strasbourg Dispositif d'écoute - Installation sonore de Pierre Mariétan
Dispositif d'écoute de Laurent Remiche Sentier sonore de l'Our (Luxembourg)