Comment décrire en quelques mots Dream Home pour ceux qui aiment les formules rapides… Disons que c’est un slasher social. Le genre est assez rare pour faire du long-métrage une bizarrerie agréable. Quoiqu’ « agréable » soit un terme mal choisi, étant donné la souffrance (j’adore exagérer) que m’ont apporté les scènes gores du film (que voulez-vous, j’suis une p’tite nature moi). Disons donc plutôt que Dream Home est un slasher social bien fun. Car la souffrance était bien masquée par un esprit corrosif et absurde tirant régulièrement la cloche de l’amusement. On s’éclate, devant Dream Home.
Josie Ho, actrice principale et productrice du film, campe une jeune femme rêvant depuis sa plus tendre enfance de vivre dans un bel appartement avec vue sur la baie de Hong Kong. Mais la prolétaire qu’elle est a bien du mal à accéder à son rêve. Elle trime entre deux jobs et doit s’occuper de son père malade. Mais elle tient à ce vieux rêve. Elle y tient énormément. Elle y tient plus que tout. Elle est prête à tout pour assouvir son rêve. Surtout au meurtre.
Dream Home n’est pas un slasher gentiment linéaire. Il faut s’accrocher pour coller les morceaux (le jeu de mots n’était pas voulu). Le récit est éclaté sur plusieurs époques qui se juxtaposent sans cesse. On navigue entre 2007, 2004, 1997 et 1991, pas spécialement dans cet ordre-là. Chaque époque de la vie de l’héroïne a son importance. Chaque époque pose la pierre qui l’amènera à la situation dans laquelle elle se lance et s’empêtre en 2007. En 2007, elle trucide à tout va. Et pour comprendre pourquoi cette jeune femme qui pourrait sembler si douce et docile se réveille en machine à étouffer, égorger, découper, étriper, voire énucléer (désolé si vous mangiez), Pang Ho Cheung prend un malin plaisir à brouiller les lignes du temps.
Pang Ho Cheung a également l’intelligence de mettre son récit et son talent de réalisateur (la mise en scène fait preuve d’un soin remarquable) au service d’un discours social fin et amusant. Face à la crise du logement à Hong Kong et la flambée des prix de l’immobilier, cette quête désespérée de standing pour une femme vivant dans la simplicité depuis toujours la rend sympathique malgré ses actes. Et si on faisait ça à Paris ? Un massacre dans un bel immeuble pour faire baisser le prix des apparts ? On y réfléchit et on en reparle ?