Magazine Journal intime

Différence

Par Kasey

Samedi soir... 

Jusqu'où un être humain garde son self control ?

En tant qu'étudiante soignante, j'essaye d'avoir des valeurs morales : comme ne pas fumer, ne pas se droguer, ne pas... certaines n'en font pas parties comme ne pas consommer d'alcool ou ne pas avoir de conduites à risques... on reste étudiant et humain avant tout. 

Mais, même si on a des valeurs, qu'on pense toujours propres à nous, y a des fois, on se dit... " si les autres savaient "... si notre métier ne reposait que sur notre état mental ou physique... Si on devait faire montre de toute immaculée perfection pour être aussi blanc que notre tunique vis à vis de nos patients, ne serait on pas tous à jeter dans cette profession. 

Peut être ai je tord ?

Peut être que parfois, on ne peut pas toujours donner le bon exemple ?

La différence... Y a rien qui m'énerve plus que les gens qui jugent. Qui se posent en défenseur de putains de lois soient disant morales alors qu'ils sont juste coincés du cul ! Ca me rend vulgaire, grossière et violente verbalement et physiquement. J'admets adorer provoquer, parce que je peux voir à quel point l'espèce humaine est déplorable et à tel point, celle ci me dégoutte par moment. Mais, sans chercher à provoquer, y a des situations qui m'exaspèrent...

Peut être parce que comme dit mon père, je me prends pour mère thérésa et que je souhaite toujours défendre ceux que je considère comme mes protégés ou les plus faibles ( ils ne le sont pas tous... mais je les percois comme cela )... ou peut être tout simplement parce qu'une partie de moi déteste les regards que les autres lancent sur les gens différents. 

J'ai trop longtemps eu peur des regards... même encore maintenant, je baisse les yeux quand je me sens visée... quand je me sens mal... ou quand j'ai peur de ce que je pourrais lire... quand je ne joue pas un rôle... et que le regard de l'autre compte.

Beaucoup de mes amis me reprochent de dépendre tant de l'avis des autres, de leur regard... 

Probablement, qu'on ne peut pas effacer quelques années de souffre douleur dans une scolarité. Que cela laisse des marques. 

Ou peut être que j'aime être différente, le revendiquer... et que je déteste qu'on juge la différence des êtres humains sous prétexte qu'elle ne correspond pas à ce qu'on juge comme étant acceptable.

Et ce samedi soir a été désastreux pour mes nerfs.

Habillée simplement, mais étant avec des amis qui ne l'étaient pas, sur Chatelet nous avons eu affaire à des hommes relous, des gens malvenus, qui nous jugeaient, les jugeaient... comme étant des sataniques. A faire des blagues graveuleuses qui m'ont rappelée un certain stage de kiné que je m'efforce de toutes mes forces d'oublier. Juste des mecs baraqués, qui le savent et se prennent pour des hommes alors qu'ils n'ont pas de paire de couilles ! ( s'ils en avaient ils en seraient pas réduits à cela ! ). 

C'est d'ailleurs même surprenant qu'avec toutes leurs provocations cela n'est pas fini en bagarre... 

La tolérance...

Pfff... les êtres humains n'en sont même pas dotés.

C'est vrai que je suis une des premières à juger... mes profs par exemple... mais je me juge aussi... J'essaye de rester juste. J'essaye de faire évoluer mon regard peu importe ce qu'il vise pour ne jamais rester fixer sur une idée préconcue et donner à tout un chacun une chance d'être percu dans ma tête comme étant différent.

Pourtant, avec la différence je n'ai aucun soucis. Je m'y confond, m'y fond et je l'accepte très bien.

Les gens différents sont enrichissants. Parce que leur facon de pensée, leur facon d'être et d'agir ne recèlent pas tout ce que ce Monde a de mauvais parce que justement ils ont souffert du manque de tolérance et en souffrent encore, alors du coup, ils se sont posés plein de questions, ont réfléchis sur eux même, leur existence, leur place sur Terre... Et du coup, ceux sont des êtres bien plus enrichissants que ne le sera le moindre de ces machos en herbe.

Toutefois, ca a failli dégénérer samedi soir dans le métro...

Assise avec un TV ( comprenez travesti ) dans le métro, on discutait gentilment, sans faire de mal à personne quand un couple s'est assis près de nous alors que le métro n'était pas bondé, et que ce n'était pas la place qui manquait. L'homme, une racaille d'une trentaine d'années, du style trop de testostérone ayant bouffé la moindre parcelle de son intelligence et considérant les autres comme de la bouffe pour chien en dehors de sa nana qui se prend pas pour de la merde ! ( c'est dans ses moments là, que j'ai envie de leur balancer que je suis pas une merde, que j'ai un QI supérieur à la moyenne, et que j'ai été classée en dentaire ! Probablement, parce que ca m'agace qu'on considère les gens différents comme stupide et attardé ). 

Ce gars là, a commencé à nous chauffer, nous prendre la tête, en insultant mon amie ( que j'ai fini par considérer comme tel après avoir fusillé du regard tous les parisiens l'ayant dévisagé comme si c'était un monstre de foire ) à mots couverts. Il s'echauffait. Nous demandant de dégager. 

J'ai tenté de parler gentilment, de dire qu'il y avait de la place, et que si la vue le dérangeait qu'il pouvait voir ailleurs. Mais à mesure qu'il s'énervait, refusant même d'engager un dialogue poli entre gens civilisés, la pression dans mon cerveau augmentait, et je sentais ma main saisir la bouteille de bierre par le goulot, et la tenir tant et si bien que la seule image qui me venait à l'esprit c'était de la fracasser sur le crâne de ce crétin !

Quand des envies d'une telle violence te prennent... tu te dis que tu n'as rien à faire en tant que soignant. 

Parce que ce qui m'a empêchée de le faire, c'est uniquement de me dire que si j'ai un casier judiciaire pour coups et blessures je ne pourrais peut être pas exercer en tant que kiné, et que je ne pourrais faire le métier qui me plait le plus. 

C'est ce qui m'a retenue.

Alors même que ce con aurait mérité bien plus que ce que mes petites mains frêles ne pourraient jamais faire à sa tronche ! 

Mon copain m'a dit " allez viens, tu trembles, calme toi, laisse courir " mais j'avais aucune envie de laisser courir. Ce que pensait ce gars, les mots blessants qu'il a prononcé envers cette amie, c'est impardonnable. Ca reflète tout ce que cette France a de plus pourri, tout ce qui fait que je déteste les êtres humains qui se prétendent parfaits et blancs comme neige, qui fait que j'ai cessé certaines de mes relations avec des gens trop pédants, trop machos... parce qu'ils se croyaient mieux que les gens différents. 

Que cet homme il reflète tout ce qu'il y a de plus mauvais sur Terre.

Que des hommes comme lui, y en a des tas. Et que si c'est pas lui, ca en sera un autre. Que c'est à cause de gens comme lui, qu'il y a des adolescents, des êtres humains mal dans leur peau. Qu'il y a des gens qui ne peuvent pas s'assumer, parce que justement on leur reproche leur différence alors même que cette différence n'en est pas une. C'est juste leur facon à eux d'être vivant. Et c'est leur choix. Leur vie. Et qu'on a aucune raison de les juger.

Des crises de violence comme celle que j'ai eu samedi soir... sans forcément l'aboutir... j'en ai eu plusieurs dans ma vie, les plus mémorables sont celles d'hier soir, celles de mon aggression, ou le jour où mon cousin a dépassé les bornes en traitant sa soeur de pétasse... 

A chaque fois, la seule chose qui m'a empêchée d'être un ANIMAL, un MONSTRE, et de dévoiler le côté inhumain en moi, c'est la perspective d'un casier judiciaire qui m'empêcherait d'exercer le métier que j'aime.

Jamais je n'ai songé que la personne pourrait mourir, ou souffrir de troubles consécutifs aux coups que je projetais de mettre. Pas plus que pas une seule fois je n'ai songé à la perspectives d'être violentée aussi de mon côté. Pas plus que je n'ai songé aux conséquences physiques, mentales... et l'implication qu'elles pouvaient avoir.

La seule chose que j'ai jamais voulu dans ces moments là c'est effacer une sensation qui me déplaisait.

Effacer le jugement, la tristesse dans les yeux de mon amie suite aux propos de ce type.

Effacer la sensation d'un pénis en érection sur ma cuisse lors de mon aggression.

Effacer les mots que mon cousin avait dit, et qui était injuste.

A chaque acte de violence refoulée, ou que l'on redirige contre soi ( et oui, c'est le propre de la femme ) on se sent mal. On se dit qu'on est pas très humain... que notre état mental devrait suffire à ce qu'on ne fasse pas partie des gens exercant un métier en milieu médical et paramédical.

Parce que de telles personnes... ne devraient pas avoir de telles pensées.

Ne devraient pas être tachées de gris... 

Mais au contraire immaculées.

Kath


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