Le réalisateur Claude Chabrol, portraitiste de génie et auteur de Que la bête meure, l'Enfer, le Boucher ou encore Bellamy, est décédé à l'âge de 80 ans ce dimanche.
Parti sans cérémonie. Fidèle à lui même. Fine gueule du cinéma français, Claude Chabrol s'est éteint hier à l'âge de 80ans d'une bradycardie liée aux complications d'un pneumothorax. Auteur de la nouvelle vague, ce bon vivant, boulimique de cinéma comme de nourriture, laisse derrière lui 50 ans de cinéma. Des chefs d'oeuvre en tout genre. Sans jamais dénier ce qu'il était. Claude Chabrol a marqué le 7ème art, comme le 7ème art la marqué. Plus qu'un cinéaste, c'était un ami du cinéma : rigolo, enfantin et surtout amoureux la vie.
Claude Chabrol dépeignait une comédie humaine française avec justesse sans jamais rentrer dans le cinéma de terroir exaltant les racines françaises. Tapant avec force sur cette bourgeoisie qui l'exaspérait. Excellent dans les portraits sociétales, l'imaginaire chabrolien a étudié toutes les classes de la petite avec Que la bête meure, à la grande avec l'Ivresse du pouvoir retraçant l'affaire ELF. Il serait trop difficile de faire une rétrospective de l'oeuvre de Claude Chabrol, tant ses films prolifèrent dans l'imaginaire collectif.
Un portrait acerbe de notre société.
En trois ans, il réalisera trois chefs d'oeuvre : La Femme infidèle (1968), Que la bête meure (1969), le Boucher (1970). Chabrol n'a jamais fait dans la concession. Mordant. Parfois grinçant. Il a su faire parler son cynisme dans des oeuvres remarquables. Toujours juste. Jamais au hasard. Féministe aussi. Claude Chabrol, à l'instar de Jean Yanne ou Truffaut, a toujours sublimé ses actrices d'Huppert à Bonnaire.
En se retournant sur notre passé, le meilleur documentaire historique français de ces 50 dernières années est bel et bien l'oeuvre chabrolienne. Le réalisateur a su s'extraire de la nouvelle vague pour commenter les trente "glorieuses" comme les trente "piteuses" sans perdre son cinéma. Une prise directe avec la vie, la société. Avec nous. Derrière lui de nombreux films, dont son dernier avec son ami Depardieu, Bellamy en 2009. L'année noire du cinéma prend des allures de tragédies après les morts de Rohmer et de Corneau. Laissons un dernier mot à la hauteur de l'homme, dont parfois ses films, comme il le disait lui même, étaient ratés : «Un film, c'est comme un train. Il y a toujours un moment, sur le trajet, où il aurait pu être bon. Le ratage, c'est quand on ne descend pas à la bonne station. En général, c'est parce qu'un con vous en a empêché.»
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