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Un libraire pas comme les autres, à Pornic !

Par Goliath @Cayla_Jerome

Remorque livres 2

Le libraire l'attendait sur le quai !

J'aime les livres, avec un petit faible pour les livres anciens ; mais j'aime aussi les passionnés !

C'est donc pour ces deux raisons, que sur le quai du port de Pornic (Loire atlantique), je me suis approché de cette échoppe sur roulettes. C'est une grande remorque blanche, tractable par une voiture, la simplicité même. Sur le panneau aveugle, une seule inscription "Livres d'occasion" et, les numéros de téléphone du vendeur : Voici pour le verso… Du côté face, quelques centaines de livres, plus poches que brochés, mais en parfait état ; allant de la bibliothèque verte aux plus récents Harlan Coben, Marie Higgins-Clark, et encore bien d'autres jouxtant la poésie vendéenne en deux volumes, ainsi que différentes préciosités du genre.

De quoi satisfaire tous les goûts, quelques fussent les désirs des acheteurs ; c'est là que l'histoire se corse pour devenir une chronique comme je les aime.

Absorbé à déchiffré le contenu des plus vieux livres, mon attention fut attirée par une exclamation joyeuse : Vous voici ..!

C'est, comment dire…, j'ai été très émue par un livre. Vous savez bien que je vous en avais acheté un, l'autre jour... Et encore aujourd'hui vous êtes là !

Ma foi oui, le ciel est bleu, la mer est haute, le soir s'en vient et je vous attends ; c'est pour vous que je suis venu.

Ma surprise fut grande lorsque je me retournais pour voir la scène, le libraire est un monsieur alerte à l'œil pétillant, le sourire communicatif sous un casque de cheveux blancs. Son interlocutrice, une dame déjà dans le quatrième âge, appuyée sur une canne tremblante, le dévisage avec un regard humide de malice. Le mot "émue" à fait mouche dans mon esprit et je comprends qu'elle cherche un livre "à la guimauve", du sentimental… Pourtant, elle demande au bibliothécaire s'il y a des policiers intéressants.

Avez-vous lu Agatha Christie demande l'homme.

Oui, mais non, on les connait tous…

Alors peut-être un Simenon ?

Non, mais non, ce sont là des vieilleries…

Il y a bien Harlan Coben ou Danielle Steel

Un jeu de oui-non s'instaure rapidement, la dame refuse chacune des propositions, mais jamais le vendeur ne se sépare de son sourire. Il la fait passer devant les livres en lui donnant le bras, comme pour une amie de longue date. En retrait, une femme sourit devant ce spectacle touchant. D'un geste de la main, en forme de moulinet, elle me montre que c'est loin de se terminer. Je perçois que c'est la compagne de mon libraire, complice de sa passion des livres et de son besoin de contact avec le public.

Après bien des tergiversations, la nonagénaire prendra un roman à l'eau de rose pour croire encore possible d'aimer.

En venant devant cet étalage de livres, elle venait chercher une rêverie d'affection pour elle déjà épuisé depuis longtemps, mais surtout avoir quelqu'un avec qui parler pendant quelques minutes ; le dialogue avec son libraire, n'est-ce pas une forme de littérature, aussi ?


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