Breakfast Tiffany's: une mode d'avance

Publié le 12 septembre 2010 par Mojorisin

Adaptation d’une nouvelle de Truman Capote, Breakfast at tiffany’s (1961) connut un beau succès. Porté à bout de bras par la svelte Audrey Hepburn, le film s’imposa parmi les réalisations cultes de cette époque. Non en raison de sa fidélité envers l’histoire originale, ni par son scénario époustouflant, mais bel et bien grâce au rôle de l'actrice mythique témoignant de l’émergence d’une femme nouvelle : belle, cultivée, et indépendante. Audrey you rock!


Breakfast at Tiffany’s , court roman narrant la vie d’une call-girl mondaine nommée Holly Golightly au travers des souvenirs de son ancien voisin, révéla l’écrivain américain Truman Capote en 1958. Le film, malgré quelques libertés sur le scénario, reprend la trame narrative, laissant transparaître en filigrane l’influence d’un de ses auteurs favoris: Flaubert. L'œuvre réaliste de ce dernier ne cessa de dépeindre des femmes à l’émancipation irrémédiablement bridée par la morale. Ce fut notamment le cas de Boule de Suif, une prostituée à la générosité aussi grande que le cruel mépris exercé à son égard. De même, les rêves scintillants de Madame Bovary la mèneront vers une lente déchéance. Le personnage de Audrey Hepburn se révèle être un mix de ces deux héroïnes en possédant la légèreté de mœurs de Boule de Suif, et les désirs de clinquant d’une madame Bovary. Mondaine et farouchement attachée à son indépendance, elle reste à l'image de son chat, l'unique bénéficiaire de sa fidélité. Les hommes, eux, doivent monnayer. 

Mais un siècle sépare Holly de Bovary et Boule de Suif, soit deux guerres mondiales et de nombreuses luttes d ‘émancipation. Pour cette raison Holly ne possède pas la bonté de Boule de suif, ni la naïveté d’une Bovary ; elle esquisse plutôt l’image d'une femme ancrée de plein pieds dans la modernité, rompant avec la conception jusqu’alors partagée du féminin. Finie la gentille fille dans l’attente d’un mari prêt à accepter toute sa dévotion. En 1949 Simone de Beauvoir lâchait sa sentence prophétique dans son ouvrage le deuxième sexe : « on ne naît pas femme, on le devient ».

Bovaryenne et Beauvoirienne, Holly impose l’image d’une femme nouvelle : émancipée, féline, contradictoire et si terriblement inaccessible. New-York, à l'opposée de la Normandie de Flaubert, accueille cette noctambule assumant pleinement ses luxueux désirs et ses innombrables soirées. 

Anti pin-up, la belle exprime sa condition par un style à l’élégance irréprochable devenu culte (ses grosses lunettes mangeant son minois, ses robes, ses boucles d’oreilles, en fait tout ce qu’Audrey Hepburn porte dans ce film devint culte…). Symbole de la grâce féline, l’actrice se révèle aussi élégante en robe de soirée qu ‘en tenue décontractée dans cette production où la mode tient un rôle principal. 

Là réside tout le succès de ce film : non sur son histoire à l’eau de rose mais sur son esthétique traduisant merveilleusement bien l’amorce d’une nouvelle décennie à l'image de Holly Golightly. De là à dire qu'elle trouva une incarnation dans la première dame la plus glamour de l'histoire il n'y a qu'un pas à faire. Qui ça? Jackie Kennedy bien sur...