Reporters avait surpris avec une première saison très entreprenante. On connait depuis la recette Canal+ pour ses créations originales, et les succès qui ont suivis. La saison 2 de Reporters se devait donc d’être plus que cela, et devait marquer le coup.
On retrouve nos deux grands médias, le journal en difficulté et la chaîne de télévision publique. Nos deux groupes de journalistes n’ont pas grandement évolués, à part les coupes de cheveux. La grande nouveauté de l’année, c’est surtout une profonde mise en abîme de l’actualité et des relations entre presse et pouvoir. La saison débute par un attentat contre des ingénieurs français en Orient, calqué sur l’attentat de Karachi en 2002. Partant de cela, un nouveau journaliste (Grégori Dérangère, venu du cinéma), également témoin, découvre que cet attentat serait lié à un vaste réseau de pots de vins entre l’état français et l’état oriental, orchestré pour soutenir les ventes des grandes industries hexagonales. Pas si loin du réel… ou pas. Reporters ne tente pas discuter de la vérité, mais bien de flirter avec ce qui peut exister pour mieux instaurer un climat de tension et une forme de thriller autour de l’information et des individus, non sans quelques pertes, dans les rues mêmes de Paris.
Pour les « anciens », c’est la suite directe de la première saison. Florence se bat pour conserver la ligne éditoriale du journal, malgré la collusion de son récent propriétaire avec le pouvoir en place, et sa propre aventure avec un conseiller du Premier Ministre. Thomas Schneider poursuit d’ailleurs ce dernier, tentant de raccorder l’attentat à son vaste schéma de conspiration et de financement occulte, allant jusqu’à se compromettre avec des médias moins… difficiles. Michel Cayatte (le toujours convaincant Patrick Bouchitey) retrouve une de ses anciennes affaires, un tueur d’enfant disculpé dix ans après, qui le collera d’un peu trop près, ce qui devient embêtant lorsque son innocence n’est plus tout à fait certaine. Dans ce foisonnement de vies, on retrouve pêle mêle les nouvelles formules et les difficultés de la presse papier, les manipulations entre grandes chaînes de télévision et CSA, les voyages du Président et une maîtresse people, les CDDs à répétition des reporters… Reporters colle à peu près tous les sujets de la profession, embarquant également leurs vies privées dans le grand tourbillon de leurs enquêtes. On profitera même d’un vrai fil rouge avec la première année de la série, puisque la rivalité contre le Premier Ministre Barlier, que le spectateur sait coupable de certaines choses, se poursuit. On aurait aimé voir ce qu’une troisième saison aurait offert de ce point de vue, avec des élections présidentielles proches.
Entre un étrange réalisme pour ses sujets, et une réalisation sans temps mort, Reporters est simplement la bonne surprise de l’année, alors que la plus-si-petite chaîne cryptée a su délivrer en un an plusieurs bonnes séries ; Braquo et Engrenages pour sûr, Pigalle un peu moins. Dommage que cette seconde saison soit la dernière annoncée par la chaîne, les enjeux étaient posés pour une troisième année ouverte à un rapprochement troublant avec la réalité, peut être un peu trop… Espérons que toute l’équipe nous revienne très vite pour de nouveaux projets aussi excitant.