Ce sont des créatures, entre monstres aquatiques et dragons préhistoriques. Mutantes. Elles se contorsionnent, se tordent et se tortillent. Sortent leurs tentacules, font bailler leurs plaies béantes, gonflent leurs tumeurs douloureuses.
Elles sont carcasses à la peau fripée, à la croûte crevassée, comme des mues de vieux lézards primitifs. Il leur pousse des appendices inconnues, des poiles impossibles…Venues de nulle part, elles flottent entre deux eaux, en profondeur, loin de la lumière solaire.
Elles dansent encore parce qu’elles sont vivantes. Elles ont traversé les temps et connu tous les assassinats, mais elles sont vivantes. Déformées, défigurées, mutilées, déchiquetées, mais vivantes. La sève coule encore en elles. Forte et résistante.
Et, tu sais, si tu te déshabilles. Si tu enlèves tes beaux habits du dimanche. Et que tu as le courage de te regarder dans le miroir du vrai, tu verras que tu leur ressembles à ces créatures de Claude Michéli… Avec tes grosses cicatrices de vie. Avec tes nœuds et tes blessures. Avec tes verrues et tes écailles. Tout ce que l’existence t’a distribué ou que tu t’es fabriqué toi-même.
Laisse tomber le costume chic, les lunettes noires, le fond de teint et le cheveu coloré. Tu es bel et bien un être difforme, griffé et dévoré par la vie, plein de bosses et de bleus, borgne et boiteux. Tu grimaces et tu tousses. Il faut le savoir. Et la vie continue…C’est son rôle de te marquer ainsi.
MJL