Selon lui, l'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb Islamique) est la menace direct, une sorte de continuité depuis les attentats de 1995, même si le cas d'un acte isolé de la part d'un intégriste bien intégré n'est jamais à exclure (une forme de violence difficile à anticiper). Ce même Aqmi à qui les forces françaises avaient donné un rude coup, au coeur de l'été, afin de sauver l'humanitaire Michel Germaneau, exécuté quelques jours plu tard. "A cause de la date butoir de l'ultimatum et parce qu'il n'avait plus de médicaments, il fallait tenter cette opération de la dernière chance pour le sauver", justifie à ce propos Bernard Squarcini.
Deux attentats déjoués par an en moyenne, ça c'est pour le chiffre. Au-delà, il faut retenir de cette interview, les regrets, toujours, de voir l'unité europénne battre de l'aile sur certaines mesures anti-terroristes, comme la mise à disposition en temps réel des données concernant le passagers des compagnies aériennes. "En fait, il existe un partenariat historique avec tous ceux qui ont été frappés par des attentats terroristes, les Espagnols, les Italiens, les Allemands, les Anglais... La conséquence de ce blocage à Bruxelles, c'est qu'aujourd'hui, près de dix ans après le 11-Septembre, les compagnies aériennes ne nous transmettent la liste des passagers que deux heures après le décollage".
Selon un sondage annexe à l'interview, 52% des Français jugeraient la menace terroriste "forte" en France, contre 50% il y a deux ans. Le septicisme du patron de renseignement tranche donc avec l'attentisme des Français. Presque tous les cinq ans (1995, 2001, 2005), la pression s'accroît sur l'hexagone. Faut-il y voir une lassitude se muant en fatalisme? Une sorte d'"on y coupera pas alors, à quoi bon s'en inquiéter". Ce même fatalisme que l'on retrouve chez les Américains, capté d'ailleurs avec talents par Lucy Walker dans son documentaire, Countdown to zero, sur la prolification nucléaire, sorti cet été. (photo : Tristam Sparks)