La justice, pas la violence

Publié le 13 septembre 2010 par Amroune Layachi

Dans l 'affaire Zyed Bouna, les deux jeunes morts, électrocutés dans un transformateur alors qu'il fuyaient les policiers qui leur couraient après, le Parquet a requis un non lieu pour les policiers mis en cause. Extrait du Nouvel Obs

" Le parquet de Bobigny a requis un non-lieu pour les deux policiers mis en cause dans la mort par électrocution de Zyed Benna et Bouna Traoré, en octobre 2005 à Clichy-sous-Bois, a annoncé vendredi 10 septembre le procureur de la République de Bobigny. "

" L'enquête de police dans cette affaire est remarquable, loyale, claire et si on s'en tient à cette enquête, on doit renvoyer (les deux policiers mis en examen, nldr). Donc il s'agit bien d'une décision ultimement politique de la procureure de la République de Bobigny ", a estimé Me Jean-Pierre Mignard, lors d'une conférence de presse. "

Il faut rappeler parce que ce n'est pas clair pour tout le monde, que le Parquet, le procureur de la République, tous les procureurs de la République, dépendent directement du Ministère de la justice à qui ils doivent rendre des comptes, à qui ils doivent leur avancement etc.

Les Procureurs ne sont absolument pas indépendants (et moins que jamais), contrairement aux juges d'Instruction qui eux le sont. Et tout ce que le pays comptent de pro sarkozystes passent leur temps à vilipender ces juges d'instruction gauchistes alors que les juges, la plupart du temps ne font rien d'autre que leur métier, en leur âme et conscience. Et comme dans toutes les professions, certains juges ont plus de conscience que d'autres. On ne voit pas pourquoi il en serait autrement, les juges étant des hommes comme les autres.

Quoiqu'il en soit, ces juges sont libres de leurs décisions de justice. Entièrement libres. C'est même la raison pour laquelle le président de la République les déteste au point de vouloir les supprimer. Et si fin mars, la Cour européenne n'avait pas dit que les Procureurs français manquent d'indépendance par rapport au Gouvernement, il y a fort à parier que ce serait en bonne voie. Le pouvoir en place n'aime pas les contre pouvoirs. Il veut tout le monde à sa botte. Les Préfets, la police, les media et même le peuple... Tous ceux qui ont un peu d'objectivité l'ont compris depuis longtemps. Quoiqu'il en soit, maintenant un juge d'Instruction peut se saisir du dossier et faire justice. Ou pas. Zyed et Bouna ont fui devant les policiers. Ils n'avaient commis aucun délit. Les bonnes âmes disent que lorsqu'on n'a rien à se reprocher on ne fuit pas devant la police. Certains jeunes ont peur des policiers et quand ils les voient débarquer en force ils fuient. Ce n'est pas un crime. C'est un réflexe. D'autres ont fait d'autres expériences. Dans les commentaires qui figurent sous l'article du Nouvel Obs on peut lire un commentaire qui renvoie à une autre affaire qui en dit long...

La mort des deux jeunes le 27 octobre 2005 a été suivie de trois semaines d'émeutes dans les quartiers. Chaque fois qu'une injustice a lieu dans un quartier, elle est suivie par des soulèvements de révolte, comme dans l'affaire de St Aignan, où on vient d'apprendre qu'un gendarme va être mis en examen. L'opinion a peur devant les réactions de violence des proches des victimes et des quartiers. Et le pouvoir politique le sait et celui qui est en place compte là-dessus pour asseoir son autorité. Quelques débordements dans les quartiers permettent au président de la République de serrer un peu plus la vis et annoncer de nouvelles lois.

L'opinion devrait prendre du recul. Elle se rendrait compte alors que les débordements ne viennent pas seuls, qu'ils ont un sens. Lorsque ces injustices cesseront, les réactions de violence cesseront aussi. La vie d'un homme n'a pas de prix. Et le rôle de la police est de protéger les citoyens, tous les citoyens. C'est ça que leurs disent ceux qui brûlent et qui détruisent. Et pour eux, qui s'identifient aux victimes, c'est chaque fois une question de vie ou de mort. Dire ou écrire cela, n'est pas faire de l'incitation à la haine ou à la violence, c'est appeler les autorités et les citoyens à la raison pour éviter des violences, toutes les violences.

2010/09/11/la-justice-pas-la-violence.html">Anna