Un escalier qui tourne, une cave voûtée, des objets de l’art du Japon ancien et, au milieu de la pièce centrale, une vêtement de bambou. Il se tient droit dans ses courbes dessinées, des coutures visibles tiennent entre elles les gaines de bambou marquées de stries, de taches, de teintes nuancées ; le col, la concavité des hanches, l’ampleur des épaules donnent du mouvement à cette veste. Le bambou n’est pas là par hasard. Il est comme une citation de Shitao, moine bouddhiste, calligraphe, poète et peintre chinois du XVIIe siècle.
Phet Cheng Suor continue le travail qu’elle a entrepris autour du végétal, du vêtement et de la poésie. Même s’il n’y a pas, dans les œuvres exposées dans cette galerie, de texte inscrit dans les pans de ses manteaux suspendus, évoquant des esprits flottant, des êtres proches, c’est bien sûr la poésie qu’elle coud, qu’elle met en volumes (comme on le dit aussi de livres). Ces êtres dont nous ne voyons que l’enveloppe nous parlent dans le silence même de la voûte. L'artiste cite volontiers Hong Zicheng (XVIIe siècle) : «On sait lire les livres remplis de mots mais non ceux dont les pages sont blanches.»
Il y a quelque temps, les vêtements réalisés par Phet Cheng auraient pu être portés par des humains. Aujourd’hui, elle montre, dans des sculptures quasi-liturgiques, les arbres d’où ils viennent, écorces posées sur leurs épaules, ligne après ligne, peaux effilochées de leur tronc, sculptures à la fois droites et légères, apparemment creuses mais en réalité pleines.
Exposition visible, 4 rue Visconti Paris 6e, jusqu'au 25 septembre 2010.