Pour sa deuxième édition, le festival Eldorado, organisé par le label Fargo, investit une fois de plus la Café de la Danse. Une première soirée à forte consonance nord-américaine avec comme invités le trio canadien Timber Timbre et l’Américain Josh Ritter, seul avec sa guitare. Deux ambiances radicalement différentes avec d’un côté l’austérité folk-blues (Timber Timbre) et de l’autre la country-folk souriante (Josh Ritter).
Premiers à entrer en scène, les Canadiens ont semble t’il souhaité créer une ambiance sombre et pesante afin de coller au mieux à leur musique, que je découvre ce soir là. Un mélange de folk et de blues joué par un trio comprenant un guitariste pedal steel, une violoniste et la tête pensante du groupe (Taylor Kirk) en charge du chant, de la guitare et d’imprimer la rythmique avec le pied sur une grosse caisse. L’éclairage est réduit au minimum sur scène (quelques spots de lumière rouge), le groupe enchaîne les morceaux en les entrecoupant de plages instrumentales et semble jouer un peu en autiste, oubliant qu’il y a un public assis en face de lui. Déjà peu propice à l’enthousiasme, leur musique tend à devenir carrément austère en live. Tout n’est pourtant pas à jeter avec l’eau du bain, au contraire. La deuxième moitié du set est un peu plus vivante grâce à des titres tel que l’excellent Demon Host, porté à bout de bras par la voix grave de Taylor Kirk. On pense à Nick Cave ou à du 16 Horsepower sous Prozac. Dans l’ensemble on s’ennuie quand même un peu tant le set peine à décoller et la distance mise par le groupe avec le public n’aide en rien à changer cet état de fait. Le concert se termine au bout de quasiment une heure avec la désagréable impression de l’avoir traversé comme un fantôme. Dommage.
Heureusement Josh Ritter va rapidement faire basculer la soirée dans l’euphorie et la joie communicative avec un concert solo en tout point enthousiasmant. L’Américain se présente seul sur la scène du Café de la Danse avec un grand sourire non feint et une joie de jouer communicative qui a sans doute convaincu même les plus sceptiques. Ce soir Josh Ritter a revêtu les habits du « Coolest Man on Earth ». Pendant plus d’une heure, il balaye sa discographie déjà riche, alternant ballades (The Curse ; Change of time ; Kathleen) et titres plus enlevés (Wolves ; Good Man) et surtout parvient à créer une véritable alchimie avec un public qui n’en demandait pas tant. On pense notamment à cette version de In the Dark sur laquelle Josh Ritter demande à ce que le noir soit fait complètement dans la salle pour une interprétation à vous donner des frissons et un final repris en choeur par une partie du public. La venue sur scène de sa femme, Dawn Landes, est par contre plutôt à ranger dans la case anecdotique tant les 2 morceaux qu’elle a interprété, d’abord seule puis à deux, n’ont pas eu l’effet escompté. L’Américain ne se fait pas prier pour offrir au public quelques titres en rappel dont le très attendu Girl in the war, l’occasion d’évoquer, dans son style à la fois sobre et teinté d’humour, l’anniversaire des évènements du 11 septembre 2001. Au final une magnifique performance pour celui qui n’oublie pas de remercier son backing-band invisible, une belle communion avec un public forcément aux anges et un festival bien lancé pour sa deuxième, et on l’espère pas la dernière, édition.