Incroyable mais vrai, je vais enfin vous glisser quelques mots sur le roman avec lequel j’ai entamé mes vacances d’une semaine en Gaspésie. On associe souvent les vacances à une lecture. Au cours de notre quotidien, un souvenir de lecture se détache moins. Cette fois, j’ai fait de la route avec la famille Troutman, littéralement parlant, puisque la presque totalité du roman se déroule dans une fourgonnette !
Je vous situe. L’équilibre d’une maman bascule (elle avait des antécédents), on doit l’entrer d’urgence dans une aile psychiatrique. Son fils, Logan, 16 ans et sa fille, Thebes, 11 ans se retrouvent seuls. Leur tante Hattie, larguée par son chum, quitte Paris et se retrouve coincée devant une évidence, il n’y a qu’elle pour prendre en charge ces enfants-là. Se sentant confusément piégée, elle s’accroche à cette question « Où est leur père ? » dans l’espoir – pas pleinement avoué - qu’ils reprennent et s’occupent de ses enfants. On suit le parcours de cette bizarre équipe d’enquêteurs qui, sans beaucoup d’indice, parte à la recherche du paternel éclipsé aux États-Unis. Logan, récalcitrant à l’idée de ce voyage, et plutôt intuitif, met en doute que cette quête réponde au désir de sa mère exprimé à sa tante.
J’ai d’abord été déroutée, éprouvant la vague impression d’entendre une traduction au cinéma avec cette fausseté de ton qui agace. C’est effectivement une traduction de l’anglais, puisque l’auteure est Canadienne, et comme le style est très cinématographique, mon impression pourrait s’expliquer ainsi.
Le visuel est toujours en activité, parsemé de soubresauts, comme pour s’assurer de ne jamais endormir le lecteur avec du linéaire. Très loin du roman d’ambiance ou d’intériorité, plutôt une enfilade rythmée de tirades du tac au tac. Allergique à dialogues abondants, s’abstenir ! On ne s’ennuie pas, avec cet humour faussement léger. Il y a du sourire et du rire jaunes à profusion. Certaines motivations qui m’apparaissaient bizarres au départ se précisent et ont fini par s’éclaircir au fil de la route. J’ai particulièrement aimé la divulgation naturelle de la motivation des personnages, particulièrement celle de la tante, comme un déshabillage morceau par morceau.
Thèbes est toute qu’un numéro, intelligente, extravagante et donc distrayante et c’est, à mon avis, le caractère le plus fouillé de ce roman. On apprend bien sûr, à connaître l’histoire de la maman, même si elle repose dans un hôpital. Les infos sont divulguées habilement, l’auteure faufile délicatement l’ourlet et on ne voit pas les coutures qui tiennent les parties.
Un roman distrayant, idéal pour tous ceux qui aiment une littérature qui donne dans l’image rythmée. Un moment de lecture qui éloigne de toute prise de tête torturante et, pourtant, on n’y aborde pas du superficiel, bien au contraire.
La librairie Vaugeois a tellement aimé que ça m'a incité à acheter ce roman.