Mais hier c’était différent. Le projet de construction d’un centre islamique et d’une mosquée à proximité ayant déclenché une vive polémique, il y a eu une double manifestation, pour ou contre le projet.
D’un coté ceux qui soutiennent le projet au nom de la tolérance et du soutien à un islam modéré, de l’autre ceux qui s’y opposent au nom de la « sacralité » du lieu et du respect des victimes. Et d’une certaine façon les deux ont raison.
Mais successivement. Favoriser un projet en faveur d’un islam modéré est une bonne chose mais pourquoi là ? Et pourquoi si tôt ? Aurait-on eu l’idée de construire un centre culturel japonais à Pearl Harbour en 1950 ? Ou allemand à Guernica en 1946 ? Japonais et allemands se sont heureusement abstenus. Question de décence et de bon sens.
L’attentat du 11 septembre a constitué un acte d’une violence inouïe, une attaque sans précédent sur le sol américain, contre des civils et au nom de l’islam, avec 3 000 morts à la clé. Ce fut un traumatisme majeur pour les familles des victimes, des secouristes, des pompiers mais aussi pour les millions d’américains et d’occidentaux qui ont suivi les évènements en direct à la télé. Comment peut-on ignorer cela ?
Le président Obama évoque la liberté religieuse. On l’a connu mieux inspiré. Les intentions du porteur de projet lui-même posent question : il veut donner une meilleure image de l’islam… Défendre l’islam toujours… Les extrémistes de tout poil et les islamistes en particulier pourraient y voir une victoire. Voguehaleine rappelle très justement l’épisode du carmel d’Auschwitz qui s’était soldé par une marche-arrière.
Au lieu d’apaiser les esprits et de favoriser la modération ce genre de provocation attise les rancœurs et les haines. Comme cet évangéliste allumé qui veut brûler le coran et à qui l’on a trop donné d’écho.
A court d’arguments, certains sortent les grands mots qui ne veulent plus rien dire : islamophobie, racisme… Comme si les attentats du 11 septembre avaient été quelque chose de banal, de courant, qui n’aurait aucune raison d’entraîner de la méfiance, tout mouvement de rejet relevant alors de l’intolérance, du racisme. Quelque part c’est une forme de mépris pour les gens… Depuis 2001, les relations avec les musulmans dans les pays occidentaux sont problématiques. Ce n’est pas un hasard.
Est-ce si compliqué de comprendre qu’après un acte d’une telle violence, réelle et symbolique, il y a des choses qui passent mal ? Les politiques sont-ils sourds ?
Ce qui me frappe de plus en plus, c’est la négation du temps dans la politique. Dans un sens comme dans l’autre : volonté d’effacer rapidement d’un coté, amalgames historiques foireux de l’autre.
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