Chronique du lundi 13 septembre 2010.
Bayonne, Racing-Métro et Montpellier aux 3 premières places du classement. Biarritz, Stade Français et Perpignan dans la 2ème moitié du classement. Bien sûr, il est encore trop tôt pour tirer des plans sur la comète, seulement 6 journées de jouées et à peine 4 points de différence entre le 2ème, le Racing-Métro et le 11ème, Perpignan, mais la question mérite d’être posée lorsque l’on voit le manque de qualité d’un match comme Biarritz- Stade Français la semaine dernière en comparaison, par exemple, avec le volume de jeu proposé, pour le moment, par des équipes comme Montpellier, Brive, Toulon et le Racing-Métro. Et si les légères modifications dans l’application des règles étaient en train d’accélérer une certaine évolution dans le rapport des forces du rugby français ?
Mis à part Toulouse et Clermont, personne n’est à l’abri :
L’an dernier, les soubresauts connus par Biarritz et le Stade Français avaient permis de créer un appel d’air profitable au Racing-Métro et à Toulon, en plus d’une remise à niveau Castraise. Cette année, l’excellent démarrage de Bayonne, dû à un recrutement de qualité, et de Montpellier, grâce à l’enthousiasme suscité par la méthode Galthié, sont le beau bol d’air de ce début de Top14. Comme, dans le même temps, Toulouse et Clermont, montent doucement en pression dans la perspective de la HCup, que Perpignan souffre du manque d’un ouvreur de niveau international et d’une cascade de blessures, le championnat semble marcher sur la tête. Mais est-ce que ce qui ressemble à un bel été indien peut se transformer en tendance forte pour la saison et, pourquoi pas, pour les prochaines années ?
On aura un début de réponse avec la prochaine journée, au moins en ce qui concerne Biarritz et le Stade Français. Les Basques se déplacent à La Rochelle avant d’enchaîner un autre match à l’extérieur, le derby contre Bayonne, et de recevoir Clermont. Il parait difficile, pour les joueurs Biarrots, de rester éternellememnt sous pression. Ils ont réussi la passe de 2, en battant successivement les 2 Stades, mais il leur faudrait encore tenir pendant 3 matchs pour garder la tête hors de l’eau. Cela me parait beaucoup trop pour une équipe qui, dans le jeu, reste encore très friable, et ce d’autant plus que Damien Traille est toujours blessé. Même si les jeunes Baraque, Lakafia, Lauret et autres Watremez apportent un esprit et une envie qui fait plaisir à voir, je crains que cette équipe ne se sorte pas du piège tendu du côté de La Rochelle et, du coup, prenne un abonnement pour la 2ème partie du classement.
C’est la même chose pour Paris qui, en perdant à domicile ce week-end, se met en danger pour le reste de la saison. Déplacement à Perpignan la semaine prochaine avant de recevoir 2 fois, Montpellier et Toulon, cela paraissait facile il y a encore quelques mois mais ce pourrait être un mois de septembre long, très long pour des Parisiens qui vont maintenant vivre avec le doute. Même si le stade et l’entraîneur ont changé au Stade Français, il se pourrait bien que pour la 2éme fois, l’équipe finisse assez loin des 6 premiers.
Pour Perpignan, le mal parait moins profond à condition, bien sûr, de pouvoir y remédier. Les joueurs semblent un peu dormir sur les lauriers d’un titre plus une finale et ne paraissent pas totalement vouloir se remettre en cause. Comme l’absence de recrutement à l’ouverture se fait cruellement sentir et que la casse de joueur est monnaie courante en terre Catalane, cette équipe, qui a le potentiel pour jouer le titre, pourrait très bien lutter seulement pour la 6ème place. Il est encore difficile d’avoir des garanties, mais il est sur que le prochain match contre un Stade Français qui n’a rien à perdre donnera de précieuses indications quant au reste de la saison des Catalans.
Autant il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour Toulouse et Clermont qui vont certainement jouer à fond sur les 2 tableaux, Top14 et HCup, autant, comme on le voit, la nouvelle densité du Top14 pourrait se transformer en changement dans la hiérarchie du rugby français si les Perpignan, Biarritz, Stade Français n’y prennent garde…
L’hiver et la longueur de la saison devraient calmer les nouveaux prétendants et remettre de l’ordre :
Pour le moment, il faut beau, ça sent bon la pelouse fraîchement coupée et les intentions de jeu mais, attention, les frimas de l’hiver et, surtout, la longueur d’un feuilleton qui ne finit jamais, même s’il connaît des coups d’arrêts, pourrait avoir raison des meilleures volontés de jeu. Ce qui réussit, maintenant, sous le soleil, pourrait devenir plus compliqué sous la pluie. Biarritz, avec son jeu sans queue ni tête, mais à forte densité physique, va reprendre des couleurs sur terrain gras. Perpignan avec sa mêlée à fort tonnage et le retour de Jean-Pierre Perez et autres Gregory Le Corvec et Henry Tuilagi ne sera pas, non plus, facile à bouger au coeur de l’hiver. Les intentions de jeu de Montpellier ou de Brive deviendront alors plus compliquées à réaliser sous la pluie et, petit à petit, l’avance prise actuellement risquera de fondre comme neige au soleil. Cela ne veut pas dire que l’ordre hiérarchique de ces 10 dernières années sera respecté, loin de là, mais, petit à petit, l’euphorie du début de saison risque d’avoir les jambes lourdes et certaines équipes dont l’effectif peut, d’un coup, se réduire comme peau de chagrin pourraient s’écrouler après le passage en 2011. Montpellier, par ses bons résultats, risque d’offrir sur un plateau François Trinh-Duc et Fulgence Oueadrogoo à l’équipe de France. Pareil pour Brive qui, sans Alexis Palisson, n’offre pas les mêmes qualités de relance. Ces équipes n’ont pas la même qualité de banc que les supposés gros et le manque d’expérience et de densité physique de certains joueurs peut se révéler rédhibitoire sur la durée du championnat. Ainsi Montpellier et Bayonne auront certainement des difficultés à faire sans Trinh-Duc, Tomas et la troisième ligne pour le premier et Boyer, Linde, Martin, Baïocco pour le second, entre autres. Même chose pour Brive.
D’un autre côté, le Bouclier Européen sera une excellente opportunité pour faire souffler le 15 de départ et gérer un effectif des plus juste. Difficile, par contre, de faire le bon choix entre une impasse totale au niveau Européen qui couperait la dynamique du Top14 et le risque de faire jouer des joueurs peu motivés et à l’évident besoin de souffler. L’expérience de Fabien Galthié, à ce sujet, sera précieuse pour Montpellier car il est très difficile de garder un même niveau en championnat quand le gruyère de la saison se met en place à partir du mois d’octobre et ce , jusqu’à la fin du Tournoi. La gestion de la fraîcheur physique et psychologique devient alors primordiale.
En même temps, Biarritz et Perpignan qualifié pour la HCup ne sont pas beaucoup mieux logés. Je ne crois pas que l’effectif Biarrot soit suffisamment solide pour jouer sur les 2 tableaux. La HCup pourrait encore compliquer la saison du club même si, comme chaque année, la poule de HCup de Biarritz reste des plus modestes. Et, côté Catalan, si la succession de blessures dure, l’effectif Catalan n’aura pas les moyens d’être performant en Coupe d’Europe. Il reste moins d’un mois à Jacques Brunel pour remettre son équipe sur les bons rails. Il en est certainement capable mais encore faut-il qu’il est suffisamment de joueurs pour le faire…
En tout cas, ce début de Top14 se fait sous les meilleures augures. Entre Biarritz, Paris et Perpignan qui souffrent, Toulon et Castres qui se sont vu un peu trop beau un peu trop vite, le Racing-Métro qui avance sûrement et Bayonne, Montpellier et peut-être Brive qui jouent les outsiders, il y a du suspens à chaque nouvelle journée et la place de numéro 1 risque de pas mal tourner tout au long de la saison à moins que Toulouse, et peut-être Clermont, n’en décident autrement…
L’hiver