Les longues mains blanches cueillant la fleur réchauffent la peur dans la souplesse de ces lieux, jonchés de sauge, de chardons, dans une nature attentive.
Et le ciel, long pétale qui retombe lentement sur la Terre, je le sens devenir mauve.
Comme je me rapproche de la félicité, mon existence semble se prolonger à son contact... Les pierres remontent les ombres en roulant jusqu'au sommet des plantes.
L'eau qui me glace adoucira pourtant l'idée que j'ai de la mort.
Caressant l'âme d'une aile, mon coeur survole le miracle de la vie.
Oui, contre le coeur du renouveau, je suis prêt à renaître dans le soleil... - Quand il se lèvera demain matin en nous tendant son corps chaud qui, jadis, fut avalé par le vide, je saisirai au passage un peu de son or pour me racheter de mes lâchetés passées. Déposées au pied de l'ombre, celle-ci les brûlera.
Jean