©VenetiaMicio
Comme l'écrivait Giono dans L e Voyage en Italie, je vais à Venise tout simplement
"pour être heureux", dans cet endroit "où l'on attrape le bonheur comme dans d'autres on attrape la peste"...
Le silence de Venise compte beaucoup dans ce bonheur.
Une ville sans automobiles, n'est-ce pas un miracle ? Je me souviens de mon émerveillement lors de ma première venue : entendre si distinctement les pas de cette belle et élégante Vénitienne résonner sur le pavé du Fondamenta Venier dai Leoni, écouter sans effort le clapotis de l'eau sur les marches moussues de Saint-Georges-des-Grecs ; marchant vers le chantier de gondoles de San Trovaso, entendre de loin le choc des marteaux, le bruit des scies, le souffle de la flamme qui brûle les vieilles peintures... Même l'entrée dans l'eau de la rame du gondolier, pourtant si douce, peut se percevoir. Deux femmes, qui viennent de faire leurs courses, n'en finissent pas de parler, d'une rive à l'autre du Rio delle Terese. Le vent emporte la musique du dialecte vénitien jusqu'au Campo de San Nicolo dei Mendicoli où, assis près du puits, j'écoute sans comprendre mais avec ravissement. Est-ce grâce à ce silence que tant de Vénitiens sont calmes et souriants ?(Bonheur et Silence, Venezianamente de François de Crécy)