Poncifs

Souvenir du film la Zizanie avec Louis de Funès. Son comptable lui rappelle que c’est la fin du mois, jour de la paye. « Encore ! » s’exclame le patron grognon… « C’est déjà la fin du mois ? Mais tous les mois c’est la fin du mois !!! ».

Je pense à cette réplique en entendant depuis quelques jours le mot « rentrée » dans toutes les bouches !!!

Oui c’est la rentrée, et alors ? Avec les mêmes poncifs…et vous verrez l’année prochaine à la même époque ce sera encore la rentrée !

C’est moche ce mot. On ne sait pas trop ce que ça veut dire… mais une nouvelle petite musique se fredonne… en cette rentrée ce serait la sortie de crise. Poncif ! Pas encore la fin de la crise puisque c’est la rentrée, non en cette rentrée on est en sortie de crise.. la crise est (presque) derrière nous…

Et puisque la fin de crise se dessine (poncif), les choses ne seraient plus comme avant (poncif). Tout va changer (poncif). Tout a changé !

Regardez autour de vous ? Que voyez-vous ? Des entreprises qui recrutent ? Des budgets qui se débloquent ? Des boîtes qui prennent des risques ? Des banquiers qui prêtent avec le sourire ? Des clients heureux ? Des fournisseurs enjoués ? Des patrons avec le sourire ?

Si vous répondez oui à toutes les questions, c’est que beaucoup de choses ont changé. La crise est finie. Votre optimisme béat fait plaisir. Vous vivez d’amour et d’eau fraîche.

Si vous répondez en majorité oui, c’est que les choses sont en train de changer. Vous ne savez pas encore où vous allez, mais vous y allez. Vous vivez encore d’espoir. Vous avez l’apparence de la zénitude !

Si vous répondez en majorité non, c’est que vous déprimez. Les choses ne changent pas. Les galères sont toujours les mêmes. Les fins de mois restent difficiles. Vous vous demandez pourquoi certains pensent encore à des jours meilleurs.

Si vous répondez non toutes les questions, vous n’êtes pas dans l’air du temps. Vous êtes de mauvaise foi ou réaliste. Vous devez allez chez l’ophtalmo. Vous n’avez rien compris aux messages de la rentrée.

Je ne sais pas si nous sommes en milieu ou fin de crise (poncif) ; je sais en revanche que c’est la rentrée (poncif) ; je sais surtout qu’on ne sait jamais (Gabin).

Une chronique qui commence par de Funès et qui se termine avec Gabin… ne peut pas être foncièrement inutile, non ?